Petits mais efficaces, les produits hydro-économes sé duisent les collectivités. Parallèlement à un programme de lutte contre les fuites sur les réseaux intérieurs, elles équipent leurs bâtiments, locaux administratifs, ateliers, écoles, gymnases, piscines, salles des fêtes, etc. Le CSTB, dans son guide intitulé La gestion durable de l'eau, recense nombre d'équipements, as sortis de descriptions techniques et de précisions sur les économies réalisables et les coûts.
Le principe de ces produits est simple. Selon les cas, ils abaissent pression, volume, débit ou temps de fonctionnement. Certains agissent sur l'en semble du bâ timent. C'est le cas du réducteur de pression installé au niveau de l'alimentation générale. Préconisé lorsque la pression de service, délivrée par le réseau public sur un bâtiment, est sensiblement supérieure à 3 bars, « il permet déjà d'économiser de l'ordre de 30 à 40 % d'eau sur ce bâtiment, tout en limitant les risques de fuites, ainsi que les dégradations du réseau et des équipements liés aux surpressions », précise Ange-Marie Desbois, chargé de mission à l'Agence locale de l'énergie et du climat (Alec) du Pays de Rennes.
Parmi les équipements à un effet ponctuel, certains sont installés dès la construction ou lors de travaux de réhabilitation. Les robinets tem po risés à bouton-poussoir sont très répandus sur les éviers, lavabos, douches et chasses d'eau. « Il faut compter un minimum de 25 euros pour un modèle ai sément ré glable », précise Patrick Eisenbeis, chargé de mission économie d'eau au Syndicat mixte d'études pour la gestion de la ressource en eau du département de la Gironde (Smegreg). D'autres s'adaptent sur les équipements en place. Grâce à eux, les collectivités améliorent progressivement les performances de leur parc hydraulique. Les mousseurs et les douchettes comptent parmi les plus courants. En substituant une partie du volume d'eau du jet par de l'air, ils réduisent le débit sans perte de confort pour l'usager. Ecoperl, fabricant de systèmes adaptables pour robinets et douches, propose « des mousseurs couvrant une gamme de débits de 1,7 à 12 l/min. Il s'agit de choisir le niveau adapté à l'usage », précise Laure Gilbert, au service commercial. L'introduction d'écosacs ou d'écoplaquettes dans le réservoir de toilettes en 12 l génère une économie de 25 % d'eau à chaque utilisation. « Avec des chasses d'eau double flux, de 3 et 6 l généralement, on passe à 60 % », ajoute Ange-Marie Desbois. Pour tous ces produits, le temps de retour sur investissement est court, de quelques mois en général.
Les dispositifs extérieurs visent principalement à op ti-miser l'arrosage des espaces verts, un poste fortement consommateur. Ils se déclinent depuis le système d'arrosage in tégré, programmable, pour arroser la nuit alors que l'évaporation est minimale, jusqu'aux logiciels de gestion intégrant les pa ra-mètres météorologiques, le taux d'humidité des sols, les besoins hy driques des végétaux, etc. Clément Guyot, technicien du service des espaces verts à la ville de Bourges évalue « entre 20 et 25 % les économies réalisées. »
Quelques précautions doivent être prises, afin d'éviter toute contre-p erformance. Par exemple « la mise en place de ces dispositifs ne doit pas se faire au détriment du confort des usagers », souligne Julien Orsoni, ingénieur chef de projets hydrauliques du bureau d'études Egis Eau. Poser un mousseur sur un robinet dont l'usage prin cipal est de remplir des récipients n'est pas pertinent. Cela peut conduire à son retrait pur et simple par l'utilisateur. Plus gé né ra lement, la réalisation d'un diagnostic, en amont, est conseillée. L'impact sur les consommations est d'autant plus important que les équipements sont ins tallés sur des points représentant une fraction importante de la consommation totale d'un site. Le conseil général du Morbihan et le syndicat des eaux Vendée eau, notamment, ont coordonné et financé, avec l'aide de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, la réalisation de diagnostics des branchements auprès de collectivités volon taires. En Gironde, c'est le conseil général qui finance à hauteur de 40 % cette phase d'étude.
En équipant leur patrimoine bâti, les collectivités espèrent, par l'exemple, inspirer la même démarche aux particuliers. En effet, « la part des consommations en eau des collectivités, entre son patrimoine bâti et ses services, ne représente que 3 à 5 % des consommations totales sur le territoire de la collectivité », précise Jean-Pierre Forget, chargé d'études à l'Agence de l'eau Loire-Bretagne. Mais, « même avec une communication appropriée, il n'est pas évident de toucher les particuliers », constate Christophe Ladurelle, à la direction de l'aménagement du territoire du conseil général de Gironde. Aussi, certaines collectivités poussent-elles plus loin la démarche en finançant l'équipement des ménages. C'est de ce constat qu'est né, en Gironde, le projet Mac Eau sur la maîtrise de la consommation en eau potable des ménages. Il prévoit, notamment, la distribution de 80 000 kits de matériels économes à un panel de Girondins représentatif. Un kit comprend, généralement, un ou deux produits destinés aux robinets, un pour la douche et, parfois, un écosac pour la cuvette des toilettes.
Parmi les communes associées au projet, la ville de Mérignac s'est engagée à distribuer 15 000 kits sur trois ans. Le conseil général de Corrèze a lancé une opération similaire, ouverte à tous les ménages, à l'échelle du département. « À ce stade, 40 % des abonnés ont retiré un kit. Et une majorité se dit satisfaite, se réjouit Fabrice Ser-vières, à la direction développement durable du conseil général de Corrèze. Selon les premières estimations, nous observons une baisse de 25 à 30 % des consommations d'eau. » L'opération va se poursuivre cette année avec pour cible, cette fois, le patrimoine bâti des communes.
Enfin, la ville s'appuie parfois sur les bailleurs sociaux pour diffuser des produits économes. C'est le cas à Paris, où le bailleur Paris Habitat et la régie des eaux Eau de Paris ont financé, à parts égales, l'installation de 15 000 kits. Dès lors que le secteur domestique représente environ 60 % des consommations d'une collectivité, ces politiques incitatives méritent d'être développés. l