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POLITIQUES

PLF 2026 : des inquiétudes sur la trajectoire écologique du budget

ABDESSAMAD ATTIGUI, LE 16 OCTOBRE 2025
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PLF 2026 : des inquiétudes sur la trajectoire écologique du budget
Ministère des Finances, Bercy. Crédits : Arthur Weidmann/Wikimedia Commons
Le Projet de loi de Finances 2026 suscite de vives réserves du Réseau Action Climat, inquiet d’un manque d’ambition écologique. L’organisation alerte sur plusieurs mesures jugées insuffisantes pour tenir les objectifs climatiques de la France.

La présentation du Projet de loi de Finances 2026 (PLF 2026) a provoqué une salve de critiques de la part du Réseau Action Climat (RAC), qui juge le texte « très loin d’être à la hauteur des ambitions de la planification écologique ». Alors que les émissions de gaz à effet de serre stagnent depuis le début de l’année, le collectif tire la sonnette d’alarme et brandit un « carton rouge pour la transition écologique ». Il déplore que ses propositions phares, mêlant justice sociale, efficacité climatique et rigueur budgétaire, aient été écartées du texte gouvernemental.

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Le budget 2026 inquiète d’autant plus qu’il recèle plusieurs « signaux alarmants », parmi lesquels la contraction du Fonds vert et l’alourdissement de la fiscalité sur le solaire. Autant de décisions susceptibles de fragiliser les engagements climatiques de la France. Le RAC mise désormais sur un débat parlementaire qu’il estime « décisif pour redonner souffle et cohérence à la transition écologique ».

Des milliards d’euros nuisibles non réorientés
Le principal point de tension réside dans l’absence de réaffectation des subventions préjudiciables au climat et à la biodiversité. Le RAC avait proposé de rediriger les 37 milliards d’euros de dépenses publiques nocives identifiées par l’IGF et l’IGEDD, notamment celles soutenant l’artificialisation des sols — dont 2 à 5 milliards d’euros pourraient être mobilisés rapidement.

Face à cette exigence, la mouture actuelle du PLF 2026 n’esquisse qu’un « premier pas timide », limité à la réduction de certains avantages fiscaux sur les carburants alternatifs comme le B100 ou l’E85. Pour le réseau, il « reste tout à faire » : cibler explicitement les aides à l’artificialisation et présenter un plan de redéploiement chiffré et transparent.

Aviation et grands pollueurs : les éternels épargnés ?
Le secteur aérien, régulièrement pointé pour ses privilèges fiscaux, échappe une fois encore à toute mesure nouvelle. Le RAC plaidait pourtant pour un dispositif ambitieux : alignement de la taxe sur les billets d’avion sur le modèle allemand, doublement des taux pour l’aviation d’affaires (hors Outre-mer), et instauration d’une TVA à 20 % assortie d’une taxe kérosène sur les vols domestiques. Ce paquet fiscal aurait pu rapporter jusqu’à 1,6 milliard d’euros.

Pire encore, l’article 43 du PLF prévoit une ponction de 80 millions d’euros sur le fonds destiné à isoler les logements des riverains affectés par le bruit aérien. Pour le RAC, il est urgent de « mettre un terme aux niches fiscales du secteur et d’instaurer une fiscalité cohérente avec les engagements climatiques de la France ».

La proposition d’une taxe carbone indexée sur l’empreinte des patrimoines financiers, destinée à faire contribuer davantage les ménages les plus aisés et pollueurs, a elle aussi été écartée. Le gouvernement se limite à la création d’une taxe sur les holdings patrimoniales, dépourvue de toute dimension climatique — un choix que le RAC juge « déconnecté de la nécessaire articulation entre justice fiscale et transition écologique ».

Dans le monde agricole, le réseau regrette également l’absence d’une contribution sur le chiffre d’affaires des producteurs d’engrais chimiques, qui aurait permis de financer le développement des engrais organiques.

Malus poids et éco-conditionnalité : des signaux trop faibles
Sur le plan automobile, le PLF 2026 se contente de supprimer le plafonnement entre malus CO₂ et malus poids, une mesure jugée « anecdotique » par le RAC. Pour rendre la fiscalité réellement incitative, l’organisation réclame l’abaissement du seuil du malus poids à 1 300 kg et un barème renforcé, susceptible de générer 1,5 milliard d’euros de recettes supplémentaires, principalement auprès des constructeurs étrangers. Cette évolution devrait s’accompagner d’une offre de véhicules électriques plus légers, abordables et produits en France.

Quant à l’éco-conditionnalité des aides publiques aux entreprises, pourtant considérée comme centrale, elle demeure absente du texte. Le RAC exhorte le gouvernement à « faire de l’éco-conditionnalité une norme budgétaire, et non une option ».

Des coupes inquiétantes dans la rénovation énergétique
Les investissements consacrés à la rénovation énergétique performante des logements, véritable levier d’emplois et de baisse durable des factures, subissent eux aussi un coup d’arrêt. Si le PLF 2026 recentre MaPrimeRénov’ sur les rénovations dites « par gestes », les crédits du programme 135 reculent de près de 500 millions d’euros par rapport à 2025. Le RAC en appelle à « rétablir et pérenniser le financement de la rénovation performante, pilier social et climatique du budget ».

Côté mobilités, le budget prévoit bien des crédits pour de nouveaux trains de nuit, mais ceux-ci restent « insuffisants pour ouvrir de nouvelles lignes malgré la demande croissante ». L’organisation demande à l’État de sanctuariser les investissements dans le ferroviaire et les mobilités actives, tout en mettant fin aux projets contraires aux objectifs climatiques.

En somme, le Réseau Action Climat estime que le PLF 2026 « demeure très en deçà des besoins ». Le décalage entre discours et actes se traduit par des baisses d’investissement, l’absence d’une fiscalité écologique ambitieuse et l’oubli de l’éco-conditionnalité. Pour le réseau, « la stabilité budgétaire passe par l’accélération de la transition écologique, non par son ajournement » : car « c’est en finançant dès aujourd’hui une transition juste que la France protégera à la fois son économie et son avenir ».


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