Comment la Ville de Paris aborde-t-elle les économies d'eau ?
En faisant de la consommation d'eau responsable un des objectifs du plan climat, nous cherchons à être exem plaires dans ce domaine. Les résultats sont prometteurs puisque la consommation d'eau po table des équipements municipaux a diminué de 35 % en six ans. Nous prônons aussi une approche innovante des usages de l'eau, dans une vision globale, à l'échelle de la ville et des différents types d'eaux disponibles : eaux de pluie, eau potable, eaux d'exhaure, etc. Comment utiliser ces eaux et les adapter aux différents usages dans la ville, dans un souci de préservation qualitative et quantitative des ressources ? Cette question est centrale dans notre démarche. Avec notre nouvelle politique de l'eau, nous considérons les eaux également comme un élément d'aménagement urbain. Les techniques de gestion alternative des eaux pluviales entrent notamment dans ce cadre.
L'ensemble des bailleurs sociaux parisiens s'est engagé à vos côtés dans une charte de gestion de l'eau. Pourquoi une telle démarche ?
Les bailleurs sociaux détiennent 17 % des logements parisiens. Leur parc représente un poids important dans les consommations d'eau dans Paris. C'est donc un gisement d'économies qu'il est intéressant d'exploiter. Quant à l'idée de soutenir la réduction des charges des locataires, elle s'inscrit en totale continuité avec la politique d'aide sociale à l'eau menée par la ville. Dans l'esprit d'une loi d'orientation, la charte fixe un certain nombre de principes, comme la pose de produits hydro-économes, la maintenance préventive ou encore le développement de l'usage de l'eau non potable.
Envisagez-vous la mise en place d'une tarification de l'eau incitant à l'économie ?
Nous y réfléchissons, dans le cadre d'un groupe de travail qui réunit Eau de Paris, les services de la ville concernés et les groupes politiques du Conseil de Paris. Nous auditons des acteurs publics et privés ayant adopté et testé une tarification originale. Est-elle efficace ? Transposable ? Nous devrions présenter nos conclusions au cours du premier trimestre. À ce stade de la réflexion, nous n'avons pas tranché, même si la piste de la tarification différenciée selon les usages – commerciaux ou domestiques – est intéressante. Selon moi, la tarification de l'eau doit être à la fois environnementale, en permettant de faire des économies, et sociale. Socialement, un système dif-fé rencié me paraît plus juste qu'une tarification progressive selon la consommation, qui ne tient pas compte de la typologie des familles. Après, je ne crois pas que l'on puisse trouver un système valable partout, en zone urbaine comme en zone rurale. Enfin, le tarif de l'eau n'est pas forcément le meilleur paramètre à ajuster pour réaliser des économies. La distribution de kits de produits hydro-économes, par exemple, se révèle souvent plus efficace. l