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EAU

Réutilisation des eaux usées traitées : les professionnels « restent sur leur soif »

PUBLIÉ LE 4 JUILLET 2019
LAURENCE MADOUI
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Réutilisation des eaux usées traitées : les professionnels « restent sur leur soif »
Les acteurs de l’eau et de l’assainissement jugent insuffisantes les perspectives tracées pour le recyclage des eaux usées, à l’issue des Assises de l’eau.
 
Tripler les volumes d’eaux non-conventionnelles recyclés d’ici 2025 : l’objectif, fixé en conclusion de la deuxième séquence des Assises de l’eau (novembre 2018 – juin 2019), noie les eaux usées traitées parmi les eaux grises et de pluie, sur une trajectoire étriquée, jugent les professionnels. « Partant d’environ 0,6 %, viser 10 % de réutilisation des eaux usées traitées (REUT) aurait été raisonnablement ambitieux et envisageable à coût maîtrisé », assure Frédéric Van Heems, président de la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E).
 
Un problème franco-français

Soumises à la même réglementation européenne que la France, l’Italie et l’Espagne recyclent respectivement 8 et 14 % de leurs eaux usées. « Le problème est bien franco-français », commente Frédéric Van Heems. En Israël, le taux de REUT atteint 80 %. A Singapour, les eaux recyclées fournissent un tiers de l’eau potable et devraient en assurer 50 % en 2060.

« Au prétexte de la tenue des Assises, l’eau est absente du projet de loi sur l’économie circulaire, centré sur les déchets et leur recyclage, dans une approche en silo », observe Henri Robert. Le conseiller stratégique de Green Cross France et territoires n’attend « pas grand-chose de la réglementation, persuadé que le sujet émergera au niveau local ».

La FP2E signale une demande croissante, en particulier en zone littorale où la ressource est tendue en été et en haute montagne où l’eau assainie pourrait être transformée en neige artificielle. « Dès que se construit ou se modernise une station d’épuration, il faut envisager la REUT dans un dialogue associant la collectivité, l’agriculture et les acteurs économiques », plaide-Frédéric Van Heems.

Un contexte favorable

Laurent Paquin, membre de la commission environnement de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, pointe toutefois l’incertaine acceptabilité sociale de la pratique, sur fond d’« agribashing » prononcé où « certains médias versent dans la caricature ». A l’inverse, l’ancien président de la FP2E, Gérard Payen, souligne les bonnes dispositions du public : 86 % des Français sont prêts à utiliser une eau issue du recyclage pour les usages domestiques (hygiène, sanitaires, ménage) et 75 % à consommer des légumes arrosés avec des eaux usées dépolluées1. Ce qu’ils font déjà sans le savoir en mangeant des tomates et des fraises cultivées en Espagne2 ou des avocats importés d’Israël. 

En 2018, 85 % des départements ont subi un stress hydrique. D’août à novembre, le Doubs a été à sec. En juin dernier, une cinquantaine de communes du Valenciennois ont dû réduire le débit au robinet. « Ces situations vont s’étendre géographiquement et dans la durée, pressent Frédéric Van Heems. N’attendons pas d’être en situation de crise pour agir. Ne pas recourir à la REUT apparaîtra scandaleux dans quelques années. » Les professionnels restent tout autant « sur leur soif » au sujet du financement des agences de l’eau, dont le budget reste soumis au « plafond mordant ».
 

1 : Baromètre 2018 du Centre d’information
2 : 40 % de la production de la région de Murcie est irriguée par des eaux traitées. 
Crédit : IRSTEA
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