A l’occasion du One Ocean Summit, l’Unesco, l’agence des Nations unies qui dirige la Décennie des sciences océaniques, annonce qu’au moins 80 % des fonds marins seront cartographiés à l’horizon 2030, contre 20 % actuellement. Une meilleure connaissance des reliefs marins est essentielle pour assurer la protection des écosystèmes que les océans abritent.

« Comment réussir à protéger l’océan quand on le méconnaît autant ? », s’est exclamée Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, ce jeudi 10 février au One Ocean Summit. Alors que seuls 20 % des fonds-marins sont cartographiés, l’Unesco appelle à amplifier cette dynamique par la mobilisation des 150 Etats membres de la Commission océanographique intergouvernementale, pour qu’au moins 80 % de ces fonds soient cartographiés d’ici 2030.

Connaître la profondeur et les reliefs des fonds marins est fondamental pour comprendre le fonctionnement des courants océaniques et des marées, comme celui du transport des sédiments. Ces données contribuent notamment à protéger les populations en anticipant les risques sismiques et les tsunamis, à recenser les sites naturels qu’il convient de sauvegarder, à identifier les ressources halieutiques pour une exploitation durable, à planifier la construction des infrastructures en mer, ou encore à réagir efficacement aux catastrophes à l’image des marées noires. Ces cartes jouent également un rôle essentiel pour « évaluer les effets futurs du dérèglement climatique, qu’il s’agisse des augmentations de température ou de l’élévation du niveau de la mer », rappelle l’Organisation.

Ce travail de cartographie des fonds marins n’est pas nouveau pour l’Unesco. L’organisation internationale a en effet a lancé en 2017, avec la Nippon Foundation, la plus grande fondation privée du Japon, le programme « Seabed 2030 ». Celui-ci coordonne le déploiement des sonars et rassemble les données de nombreux États sur les fonds marins proches de leurs côtes. « Les premiers résultats de ce programme sont tangibles : il y a 5 ans, au moment du lancement de Seabed 2030, seuls 6 % des fonds marins étaient cartographiés selon les standards modernes, nous en sommes aujourd’hui à 20 % », souligne Audrey Azoulay.

5 milliards de dollars

L’UNESCO veut aller plus loin, avec l’appui de ses Etats membres et du secteur privé, et vise pas moins de 80 % de fonds cartographiés. « Nous allons mettre en place d’ici 2023 un outil de suivi mondial, qui permettra de rendre compte chaque année des progrès de la cartographie et d’identifier où se trouvent les lacunes restantes. Cette carte mondiale des fonds marins sera l’un des héritages de la Décennie des océans des Nations Unies », a expliqué Vladimir Ryabinin, adjoint à la Directrice générale de l’Unesco en charge de la COI.

Pour y parvenir, un investissement total de 5 milliards de dollars, soit une moyenne de 625 millions de dollars par an d’ici 2030, est nécessaire. D’après les experts de la Commission océanographique intergouvernementale, ce financement serait destiné à la mobilisation d’une flotte de 50 navires dédiée à la cartographie des fonds marins et à l’intensification du recours au sonar sur navire autonome.

Pour atteindre l’objectif fixé, il est également primordial que les gouvernements et les entreprises privées contribuent à la transmission des données cartographiques qu’ils possèdent « mais qu’ils conservent archivées ».