C'est ce mois-ci que la compagnie des Architecteurs prend possession de son nouveau siège social dans le XIe arrondissement de Paris. Sa particularité : une consommation énergétique réglementaire abaissée d'un facteur dix (de 250 à 24 kWh/m²/an), grâce à des travaux de rénovation entamés en novembre dernier. Ces 360 m² de bureaux sur deux niveaux accueillent les douze salariés permanents de ce groupement national de 150 architectes. « Avec cette opération de réhabilitation, nous montrons la force de notre réseau et constituons une vitrine de notre savoir-faire. Lauréats en 2006 de l'appel à projets de la fondation Bâtiment énergie sur la rénovation facteur 4 de l'habitat existant avec notre projet Adélie (lire EM n° 1649, p. 8), nous avons voulu aller encore plus loin », précise le président Jean-Pierre Bosquet.
Le groupement a constitué une société civile immobilière (SCI) coopérative pour acheter les locaux et y mener autour de 500 000 euros HT de travaux. Ce sont bien sûr des Architecteurs, Michel Debizet et Jacques Paul (JPA Architecteurs), qui ont piloté le projet. « C'est la première fois que nous avons plus d'une centaine de collègues comme clients ! » s'amuse le premier. « Nous aurions pu confier le bébé à une grosse entreprise et visiter le chantier une fois par semaine en costume-cravate, mais nous avons préféré mettre les mains dans la poussière et constater de nous-mêmes les difficultés de mise en oeuvre », poursuit son associé.
Les artisans intervenant ont également pu se former sur le tas à de nouvelles techniques. Pour cette opération, les architectes n'ont pas suivi de démarche HQE formalisée, ni sollicité certification ou label réglementaire, mais ont en revanche mené, grâce au soutien de leurs partenaires industriels, un véritable travail d'orfèvre. La surisolation, réalisée par l'intérieur pour épargner les façades haussmanniennes, en est un bel exemple : PSE coupé au fil chaud pour minimiser les ponts thermiques au mur, polyuréthane au sol, nouvelle laine de verre Knauf (Ecose Technology, lire EM n° 1680, p. 74) dans les plafonds et rampants de couverture ou encore réalisation de costières isolées pour la fixation de fenêtres de toit Velux à triple vitrage à argon. « Nous avons choisi d'isoler les embrasements de fenêtres avec des Vip, un produit allemand sous vide composé de silice moulue au niveau nanométrique. C'est la première fois qu'il est mis oeuvre en France où il ne sera commercialisé que dans deux ans. Pour éviter de climatiser la salle de réunion, nous y avons posé des plaques à changement de phase fournies par Knauf », détaille l'ingénieur et architecte Suisse Dusan Novakov.
Les fenêtres à triple vitrage, également fabriquées outre-Rhin, ne limiteront pas l'apport de lumière naturelle grâce à la présence d'une feuille de verre blanc et à l'application d'aérogel en partie haute. Côté chauffage, l'innovation est également au rendez-vous pour remplacer la chaudière au fioul de 90 kW par une pompe à chaleur récupérant les calories dissipées par la VMC double flux et par un puits... parisien. Mis au point avec le fabricant, ce système géothermique récupère via un échangeur air-eau la fraîcheur d'une partie des caves de l'immeuble. Les Architecteurs ont également travaillé sur les aspects sanitaires. « Nous avons érigé un mur végétalisé de 3,70 m alimenté par les eaux pluviales récupérées en toiture. Des plaques en zéolithe participent également à la purification de l'air intérieur », explique Michel Debizet.