Depuis cet été, Candia fabrique du « lait vert ». La marque du groupe Sodiial n'a pas inventé un nouvel arôme, mais a choisi cette expression pour communiquer sur l'installation, dans deux de ses usines, de chaufferies fonctionnant avec un produit en phase avec l'image naturelle du lait : le bois. Le chantier est en cours dans l'usine de Vienne (Isère), mais dans celle d'Awoingt (Nord), la chaufferie fonctionne depuis trois mois. Sur un an, elle allègera le bilan carbone du site de 6 000 tonnes de CO 2 . Toutes les vingt-quatre heures, sept jours sur sept, un silo entier de plaquettes forestières, de bois d'élagage et de broyats de cagettes disparaît dans le ventre de la chaudière Compte-R, grosse de 6 MW. Et ressort sous la forme de 192 tonnes de vapeur, direction les cinq lignes de lait en bouteille et les deux de lait en brique cartonnée.
L'énergie alimente les étapes de pasteurisation (78 °C pendant quinze secondes) et de stérilisation (140 °C). Cerise sur le gâteau, « nous récupérons les condensats dans les gaz de combustion et sur tout le linéaire de conduites, pour refabriquer de la vapeur », précise Clotaire François, chef de projet chez EDF Optimal Solutions.
Cette filiale d'EDF a conçu et financé le projet, avant d'en externaliser l'exploitation à Idex. Propriétaire de la chaufferie, elle en loue l'usage à Candia, dans le cadre d'un bail de douze ans. « L'avantage, c'est que nous payons notre énergie à un prix fixe, et que nous en avons fini avec les problèmes de maintenance de l'ancienne chaufferie au gaz, âgée de trente-cinq ans », explique Jean-Jacques Mondin, le directeur de l'usine.
Mais, des 3,5 millions d'euros qu'a coûtés le projet, EDF OS n'en a payé que 60 % : le reste vient du fonds Chaleur renouvelable de l'Ademe, dans le cadre de l'appel à projets BCIAT 2010. « La subvention a été calée de telle sorte que Candia paie sa vapeur 5 % de moins qu'avec le gaz », explique Hervé Mignon, directeur régional de l'Ademe. Ce dernier insiste sur le travail mené en termes de sécurité d'approvisionnement en bois : « On a commencé par là, confirme Clotaire François. Il a fallu constituer des filières locales, dans un rayon de 100 kilomètres, et passer des contrats d'approvisionnement de long terme. » L'énergie nécessaire à la fabrication des quelque 280 millions de litres de lait sortant de l'usine d'Awoingt nécessite, en effet, la bagatelle de 12 000 tonnes de bois par an. l