Rendre la ville plus sobre, ré nover le bâti urbain demande des outils adaptés et des parte nariats bien ficelés. Lancées dans ce but et avec beaucoup d'espoir début 2002, les opérations pro grammées d'amélioration ther mique et énergétique des bâti ments (OPATB) ont finalement déçu. « Cet outil expérimental n'a pas fonctionné comme on l'aurait souhaité. Il visait des cibles trop différentes : résidentiel privé, ter tiaire, habitat social… », constate Éric Lagandré, chargé de mission énergie à l'Agence nationale de l'habitat (Anah). « Les équipes d'animation ont tendance à trop s'appuyer sur la procédure des opérations programmées d'amé lioration de l'habitat (Opah), qu'elles connaissent bien, et à oublier le social et le tertiaire », regrettait, dès 2005, dans nos colonnes, Didier Chérel, alors responsable na tional des OPATB à l'Ademe, dans un article qui pointait éga lement le manque d'échanges avec les profes sionnels du bâ timent et entre collectivités.
Aujourd'hui, une p oig né e d'OPATB est encore active, dont celle du XIIIe arrondissement de la capitale, lancée en 2009 et réservée aux immeubles d'ha bitat privé construits entre 1940 et 1981. « Nous avons réussi à mobiliser la moitié des bâtiments identifiés en réalisant gra tui tement 150 diagnostics. Nous avons eu, en revanche, plus de mal quand il s'est agi de passer aux travaux. Seuls une trentaine de dossiers devraient aboutir. C'est déjà bien par rapport à d'autres OPATB », se console Marianne Beck, responsable du pôle requalification urbaine du Pact Paris-Hauts-de-Seine que la ville a choisi pour animer l'opération. Reste que désormais d'autres dispositifs sont appelés à prendre le relais.
Depuis le Grenelle, les pou voirs publics se sont attaqués à la question du tertiaire, avec la mise sur orbite d'outils comme le contrat de performance éner gétique, le bail vert ou la rédac tion du décret, toujours attendu, instituant une obligation de tra vaux. Côté logement, le nouveau gouvernement muscle les objec tifs du Grenelle avec la volonté d'en rénover 500 000 par an (au lieu de 400 000 auparavant) et une priorité réaffirmée aux ménages les plus modestes. Il a ainsi demandé au nouveau Plan bâtiment d'améliorer l'ef ficacité des différents systèmes d'incitation (écoprêt à taux zéro, crédit d'impôt développement durable ou certificats d'écono mies d'énergie), d'inventer de nouveaux leviers de financement et de réfléchir à la création de guichets uniques régionaux.
Pas d'avenir donc pour les OPATB qui laissent, sur le front du logement, le champ libre aux Opah Énergie et au programme de lutte contre la précarité éner gétique Habiter mieux, lancé l'an dernier. « Les Opah fonctionnent bien. Plusieur s centaines sont en per manence v ivante s en France. To u t e s ont o b l ig a t o i r e m e n t un v o l e t énergie et une a c t i o n de mobilisation du mili e u profes sionnel de p ui s 2009 », re prend Éric L agandré.
Paris vient ainsi de lancer une Opah DDEE, pour dé velop p e m e n t durable et é co n o m i e s d'énergie, autour de la place de la République. C'est le Pact Par is-Hauts-de-Seine qui a remp or té le m a rc h é, en co mp a gnie d'un prestataire chargé de la commu n i c at i o n voué à ap porter de la visibilité à l'opération et à mo bi liser le plus grand nombre de par te n a i re s possibles. Car OPATB, Opah ou Habiter m i e u x, c'e s t moins les ressources financières que les capacités des collectivités à nouer des partenariats lo cau x efficaces qui font défaut.
« Habiter m i e u x peine à monter en r é g i m e. N o u s n'avons pu r é n o v e r, pour le m o m e n t, que 13 000 logements. Mais, avec un gain énergétique moyen de 39 %, a l o r s qu'il faut a t t e i n d r e 25 % pour obtenir les aides. Pour aug m e n t e r le r y thm e, n o u s devons mobiliser davantage les collecti vités et les élus. Notre directrice a aussi proposé d'ouvrir le disposi tif au x propriétaires bailleurs », détaillait Mohammed Ayadi, res ponsable du programme à l'Anah, lors des dernières Rencontres de la performance énergétique. Au n i v e a u national, l'a g e n c e s'est a ss o c ié e à de nombre u x parte n a i re s, des c a i s s e s d'assurance v ieille ss e à la Mutualité s o c iale agricole en passant par les fédéra tions du bâtiment et des artisans ( F F B et C a p eb ) et les f o u r n i s seurs d'énergie (EDF, GFD Suez et Total). Un panel d'acteurs qui devrait s'avérer bien utile au repé rage des foyers en difficulté, une fois que ces partenariats auront eu le temps d'infuser localement.