Le maire de Nanterre, Patrick Jarry, convaincu par une visite en Suisse d'un réseau de chaleur alimenté par la récupération de la chaleur des eaux usées, voulait être l'artisan de la première grande duplication française. Introduit en France par la société d'ingénierie Saunier & Associés, le procédé a fait l'objet d'un accord industriel avec Lyonnaise des eaux : les deux entités se partagent la propriété des brevets et collaborent pour la mise en œuvre du dispositif, commercialisé sous le nom de Degrés bleus. Après quelques installations sur des équipements autonomes, comme la piscine de Levallois-Perret, c'est à Nanterre, pour chauffer l'écoquartier Boule-Sainte-Geneviève, que Degrés bleus a été installé. Sur une sur face de 5 ha, la ville et la Semna, son aménageur, ont programmé 650 logements, des commerces en pied d'immeubles, un groupe scolaire, un centre de loisirs, un parking public. Les premiers bâti ments livrés en 2011 sont THQE, les lots suivants doivent satisfaire le label BBC. Le groupe scolaire est un bâtiment à énergie zéro.
Pour concevoir, réaliser et exploiter l'installation de pro duction et de distribution de cha leur, la ville a attribué un contrat de concession au groupement Cofely-Lyonnaise des eaux. Le principe retenu est le couplage d'un système de pompes à cha leur de 800 kW alimenté par deux procédés à énergies renouvelables (Degrés bleus et la géothermie basse énergie) avec le gaz en appoint et secours. Cofely, man dataire du groupement, a réalisé les sous-stations d'alimentation, la centrale de production au gaz et le réseau de chaleur, qu'elle exploite. Lyonnaise des eaux a mis en œuvre le procédé Degrés bleus, avec Saunier & Associés pour les études et sa filiale BSR Techno logies pour l'exécution. Pour ce faire, 200 mètres d'échangeurs thermiques ont été installés dans les canalisations du réseau d'as sainissement du conseil général des Hauts-de-Seine, à proximité immédiate de l'écoquartier. Les calories récupérées sont ache minées par fluide caloporteur jusqu'aux pompes à chaleur. « Pour cette double première, première technologique au niveau d'un réseau de chaleur en France, et première synergie du genre entre Cofely et Lyonnaise des eaux, il a fallu que les choses s'organisent vite et bien, se souvient Alexis Goldberg, le chef de projet Cofely sur cette opération. Bâtir l'offre a pris moins de quatre semaines, avec des équipes projet bien coor données dans les deux entités. » Il a fallu, au passage, inventer un modèle économique pour la répartition des recettes, sachant que les deux entités partageaient également les investissements (et le risque industriel), sur la partie production de chaleur. Dans la mise en œuvre, la difficulté a résidé dans l'intégration des moyens de production au sein d'un espace restreint et dans l'ajustement du fonctionnement entre les trois sys tèmes de production. « Bilan : le modèle d'affaires est éprouvé, offre une chaleur à un coût compétitif et Degrés bleus a montré qu'il s'in terface bien avec de l'appoint de secours classique, résume Alexis Goldberg. Cofely et Lyonnaise des eaux entendent profiter de cette vitrine pour partir à l'assaut de nouveaux appels d'offres.