Après les bâtiments à énergie positive (Bepos), ce sont des ter ritoires entiers qui ambitionnent de produire davantage d'énergie qu'ils n'en consomment. Le réseau Tepos, animé par le Cler, a pris de l'ampleur en 2012. Les deux débats parallèles portant sur la transition énergétique et sur la décentralisation devraient lui donner davantage de visibilité encore. Sur le Salon des énergies renouvelables, un village à énergie positive mettra en avant le rôle de quelques pionniers français. La communauté de communes de Mené, dans les Côtesd'Armor, Montdidier, dans la Somme, ou la Biovallée, dans la Drôme, n'ont plus grandchose à envier aux Autrichiens ou aux Allemands, longtemps cités en exemples.
Un colloque s'intéressera de près, mercredi 20 février aux modèles qui pourraient être transposés facilement de manière réaliste, même si chaque projet doit évidemment partir des réalités locales. C'est la Région Rhône-Alpes qui organise cette demi-journée avec l'Ademe. « Notre objectif, c'est le facteur 5 : 80 % d'émissions de gaz à effet de serre en moins en 2050, d'où notre volonté de pousser nos col lec ti vités à aller vers l'énergie positive », explique Benoit Leclair, vice-président du conseil régional, délégué à l'énergie et au climat. Rhône-Alpes a lancé plusieurs appels à manifestation d'intérêt (AMI) pour aider une quinzaine de bassins de vie à atteindre cet objectif ambitieux. Contrairement au réseau Tepos, plutôt tourné vers le monde rural, le parti pris est de privilégier des ensembles plus denses formant un ensemble cohérent.
« Pour progresser dans les déplacements, il faut englober le trajet domicile-travail, justifie Benoit Leclair. Donc intégrer dans la démarche la ville qui est au cœur d'un ensemble rural. » Cette stratégie empêche par ailleurs de tout miser sur un ou deux projets structurants de production d'énergies renouvelables, qui suffisent parfois à une petite commune pour que sa balance énergétique devienne positive. Convaincre des collectivités de travailler ensemble sur ce type de projets n'est pas si simple. Dans son premier AMI, trois candidats ont présenté une offre sur un périmètre plutôt rural. « On pouvait s'y attendre. Nous avons exigé des candidats qu'ils aient au minimum enclenché un processus politique avec une délibération des collectivités concernées. Or, les décisions sont plus faciles à prendre dans les petites collectivités », rappelle Benoît Leclair.
Les solutions pour aller vers l'énergie positive sont connues : d'abord, la réduction de la consommation (l'AMI propose un facteur 2 d'ici à 2050), ensuite, la production d'énergies renouvelables. Mais si avoir des idées est une chose, les mettre en pratique en est une autre… Qui demande un travail d'autant plus complexe que, contrairement à un plan climat, la démarche Tepos impose à la collectivité de construire une stratégie de territoire qui dépasse son champ de compétences. Et donc de créer un système de gouvernance avec le secteur privé et les agriculteurs qui fera émerger des projets liés les uns aux autres. Une installation de méthanisation à la ferme a, par exemple, tout intérêt à s'intéresser aux déchets agroalimentaires du territoire et aux besoins en chaleur de l'industriel voisin.
Concrètement, c'est d'une assis tance à la maîtrise d'ouvrage dont ont besoin les collectivités pour lancer la dynamique. Avec son appel à manifestation d'intérêt, RhôneAlpes cofinance avec l'Ademe jusqu'à 80 % des presta tions des bureaux d'études dans la limite d'un plafond de subvention de 100 000 euros. Les lauréats de l'AMI deviennent aussi prio ri taires pour accéder aux autres dispositifs d'aide de la région.