Dans le rapport d'étape que nous avons présenté le 5 juin dernier avec le sénateur Jean-Claude Lenoir sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique, nous proposons notamment d'engager d'ici trois à cinq ans l'exploitation du gaz de houille, plus précisément du gaz de couche présent en profondeur dans les anciennes mines de charbon de Lorraine et du Nord-Pas-de-Calais. Nous avons pu vérifier sur le terrain que l'extraction du méthane ne nécessiterait pas dans ces régions de recourir à la fracturation hydraulique, puisque le milieu est naturellement faillé. Les exploitants devront s'assurer de la rentabilité de l'opération, mais ces gisements pourraient facilement fournir 30 % des besoins nationaux en gaz, soit plus que la production du bassin de Lacq. En parallèle, il faut autoriser les recherches sur les gaz de schiste. L'objectif n'est pas d'accroître notre recours aux énergies fossiles, mais notre indépendance énergétique.
Au niveau mondial, on estime que dans 90 % des cas l'exploitation rentable des gaz de houille nécessite l'usage de la fracturation hydraulique. Ce serait étonnant que la France n'y soit pas aussi contrainte. Sans oublier que les fuites de méthane liées à leur exploitation accentueraient le réchauffement par effet de serre. Donc, pour nous, gaz de schiste et gaz de houille, même combat ! Il faut arrêter d'être obsédé par les moyens de produire plus d'énergie et recadrer le débat global sur l'efficacité et la sobriété énergétiques. Nous plaidons au sein du débat sur la transition énergétique pour un scénario en cohérence avec l'atteinte du facteur 4 en 2050. Mais les propositions du rapport Bataille-Lenoir vont à l'opposé de cette vision. J'ai été auditionnée dans ce cadre et c'est effrayant. C'est comme sur le nucléaire. La seule chose que visent in fine ces parlementaires, c'est d'ouvrir la porte à la fracturation et à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels.