Le torréfacteur Bibal installe ce mois-ci ses équipes dans de nouveaux ateliers de production à Saint-Aunès, près de Montpellier (34). L'entreprise régionale spécialisée, entre autres, dans la consommation hors foyer double ainsi ses surfaces de production et se dote d'une des rares usines à énergie positive de France. Le mérite est d'autant plus grand que la production d'énergie renouvelable du site couvre, en plus des consommations réglementaires classiques, une partie de celles liées à la production. « Les importantes consommations de gaz nécessaires à la torréfaction ne sont pas couvertes, mais toutes les consommations électriques le sont. Nous avons beaucoup travaillé les questions de chauffage, de ventilation ou d'éclairage pour rendre ce bâtiment très économe », assure l'architecte Frédéric Jauvion. Résultat : une consommation électrique totale de 77 kWh par mètre carré et par an pour une production photovoltaïque de 83 (645 m2 de panneaux). Le bâtiment n'affiche ni label, ni certification, mais fut lauréat du Concours bâtiments basse consommation d'énergie en Languedoc-Roussillon de 2012. L'Ademe et le conseil régional ont, à ce titre, soutenu le projet, au budget de 2,7 millions d'euros.
Évolutive, la construction
de 2 600 m2 bénéficie d'une VMC double flux à haut rendement et est chauffée, ou rafraîchie, par géothermie sur nappe, grâce à deux pompes à chaleur de 34,5 kW chacune. « Ce bâtiment sera bien plus confortable que le précédent. Les zones de production n'étaient ni chauffées, ni climatisées. Maintenant, elles le sont avec un minimum d'énergie. Et éclairées naturellement. Je souhaitais un bâtiment dans l'air du temps, mais je ne pensais pas que nous irions si loin. Les économies d'énergie ne compenseront jamais tout le surcoût, mais ce projet m'a séduit intellectuellement », témoigne Philippe Bertrand, président de l'entreprise.
Comme une philosophie, Frédéric Jauvion a d'ailleurs préféré de ne pas choisir entre les matériaux. « Chacun a été sélectionné en fonction de son bilan, empirique, en énergie grise, mais aussi de son efficacité d'isolation, de son inertie ou de son déphasage thermique… D'où le principe d'un noyau maçonné central apportant de l'inertie et d'une structure légère en périphérie : une ossature en bois intégrant 145 mm de ouate de cellulose. Nous avons aussi ponctuellement utilisé de l'acier pour renforcer la charpente en bois. Cela économise de la matière et évite le recours à un convoi exceptionnel pour le transport de la charpente qui, sans cela, aurait été composée de poutres de 15 mètres », détaille l'architecte.
L'usine renferme également plusieurs murs intérieurs en pierre ponce, stratégiquement positionnés pour profiter des qualités d'isolation et d'inertie du matériau. Le concepteur a aussi choisi de favoriser la préfabrication, « pour minimiser la quantité de déchets sur le chantier et maîtriser le calendrier en échappant aux intempéries ». Le président Philippe Bertrand compte bien valoriser cette vitrine de la production industrielle sobre auprès des collectivités locales clientes, de plus en plus sensibles à ce type d'arguments. « Je vais l'utiliser pour communiquer car je l'ai fait, mais je ne l'ai pas fait pour communiquer », tient-il cependant à préciser. l