Pilote La société d'économie mixte Nexa a signé un Sur le marché partenariat avec les entreprises Bioalgostral et Albioma (ex-Séchilienne-Sidec) en vue de créer une filière de biocarburant de troisième génération 100 % réunionnaise. La production se réalisera à partir de micro-algues nourries en phosphates grâce aux effluents de stations d'épuration et d'élevages voisins, et en CO2 grâce à la récupération de CO2 industriel rejeté par des centrales thermiques ou issus de la méthanisation des boues de Step. Deux tonnes de CO2 permettent de produire une tonne de micro-algues.
Cette technologie sera développée par Bioalgostral avec le soutien de la société allemande IGV, qui a breveté le procédé. Baptisé Mesch Ultrathin Layer (MUTL), ce dernier consiste à brumiser les micro-algues sur des plateaux, en milieu fermé. « Les microgouttelettes apportent aux micro-algues un meilleur accès aux nutriments, ce qui améliore la photosynthèse. Dès 2014, l'unité de production étalée sur 1 hectare assurera un rendement de 240 tonnes de biomasse, ce qui équivaut à environ 50 tonnes de biocarburant. Le démarrage de cette unité serait une première mondiale », précise Laurent Blériot, président de Bioalgostral.
L'intérêt des micro-algues réside dans leur rendement : en comparaison, un hectare de palmiers ne fournit que 9 000 litres (soit environ 8 tonnes) de biocarburant. Le biocarburant issu des micro-algues serait destiné uniquement à la production d'électricité. « La première année l'installation pourrait fournir moins de 3 % du carburant utile au fonctionnement de la turbine avec une montée en charge progressive à 30 % à l'horizon 2017 », précise Laurent Blériot. La mise sur pied de cette filière basée sur les micro-algues demande un investissement de 8 millions d'euros. L'objectif est ensuite de la dupliquer dans d'autres zones tropicales.
De son côté, Albioma construirait la centrale électrique, mise en route essentiellement durant les pointes de consommation. « Le projet sera définitivement adopté en octobre. Cette turbine tournera normalement au fioul léger. Nous y intégrerons du biocarburant issu des micro-algues et du bioéthanol issu de la mélasse d'origine mauricienne. Notre travail consistera à doser judicieusement ces mélanges et à régler la combustion pour que cela fonctionne », explique Pascal Langeron, directeur général adjoint d'Albioma. « Nous nous sommes engagés auprès de Bioalgostral à prendre de petits volumes pour tester leurs produits. Mais économiquement, il faut que la production industrielle de biocarburant issu de micro-algues atteigne au moins 10 000 m3 par an pour que les prix soient compéti tifs. » D'un budget de 50 millions d'euros, la centrale électrique devrait être opérationnelle début 2016. Installée à Saint-Pierre, dans le sud de l'île, sa puissance serait de 40 MW. Elle avalerait encore entre 30 000 et 40 000 tonnes de fioul léger par an. Ce territoire reste peu équipé en unités de production d'électricité, avec seulement une centrale à biomasse (bagasse) à Saint-Louis.
La Réunion s'est fixée comme objectif d'atteindre 100 % d'autonomie énergétique en 2030. Outre le solaire, l'éolien et l'énergie thermique des mers, l'île dispose d'un gisement de 756 GW par an de biomasse à valoriser. À ce jour, elle compte 31 % d'énergies renouvelables, dont 15 % d'hydraulique et 10 % de bagasse. Selon l'Agence régionale énergie Réunion (Arer), le charbon représente encore 47 % de la production d'électricité, le fioul et le gazole 22 %. l SL