D'aucuns pourraient juger insuffisantes les annonces du gouvernement fin septembre lors de la Conférence environnementale. Mais le bilan doit se dresser à l'aune du rôle que tient cet événement en France. Ce n'est ni l'alpha et l'oméga de la politique, ni l'instance de décision. Plutôt un reflet des rapports de force qui composent la société, et les lignes ont bougé. Ce n'était pas acquis, mais le président de la République a fixé un cap. Réduire de 50 % la consommation d'énergie du pays à l'horizon 2050. Une cible lointaine ? Elle est à l'échelle humaine : les trentenaires d'aujourd'hui auront alors 70 ans. Hors sujet ? Ce fut le point de clivage du Débat national sur la transition énergétique qui s'est achevé cet été. Entre des baisses de 20 % et de 50 %, François Hollande a choisi l'option la plus ambitieuse et il a posé un jalon intermédiaire : diminuer de 30 % les consommations fossiles d'ici à 2030. Certes, les objectifs n'engagent que ceux qui cherchent à les atteindre. Mais il y a encore un an, le débat se focalisait sur l'offre : quelle part de nucléaire pour quelle part de renouvelables ? Désormais, il porte sur le niveau de la demande, la sobriété et l'efficacité énergétique. Si la France s'autorise à réinventer son mode de vie pour consommer autrement, c'est qu'un déclic psychologique a déjà eu lieu.
Une brèche historique est désormais ouverte dans le modèle passé. S'y engouffrer ne doit pas faire perdre de vue l'ampleur des travaux qui restent à mener. Parmi les 34 plans de « reconquête » industrielle du gouvernement, figurent bien les renouvelables, la rénovation du bâtiment, les transports, les réseaux intelligents… Il est néanmoins à craindre que le rythme politique ne soit pas celui des professionnels. Les prochaines étapes du débat seront donc à scruter très attentivement. Au printemps prochain, le projet de loi sur la transition énergétique et la conférence sur son financement devront confirmer la direction prise. Sans attendre, des mesures seraient les bienvenues pour simplifier, pour stabiliser, pour dynamiser des filières qui se sont imposées dans le paysage français comme des voies d'avenir.