« U n établissement public neutre met en avant les avantages de la filière à l'heure où celle-ci déchaîne les passions. C'est une bonne nouvelle », s'est réjoui Richard Loyen, directeur général d'Enerplan, syndicat des professionnels de l'énergie solaire. L'avis publié par l'Ademe vient en effet conforter les arguments des professionnels. « C'est une façon de communiquer de nouveau positivement à propos du photovoltaïque », reconnaît David Marchal, adjoint du chef de service réseaux et énergies renouvelables à l'Ademe. L'agence rappelle les bénéfices environnementaux de cette technologie : sur l'ensemble de sa durée de vie, un système installé en France métropolitaine émettrait entre 20 et 80 g d'équivalents CO 2 par kilowatt heure. À comparer aux émissions moyennes de la production d'électricité qui sont en France de 86 g de CO 2, et de 565 g au niveau mondial. L'avis souligne aussi que « l'énergie nécessaire à la fabrication d'un système photovoltaïque est restituée au bout d'un à trois ans d'exploitation ». Autre point fort : l'impact sur l'économie et l'emploi. Selon les chiffres repris par l'avis, le secteur employait en France, en 2011, « 27 500 personnes (hors R&D), dont 22 500 non déloca-lisables (installateurs) ». Objectivité oblige, l'Ademe dresse la liste des inconvénients de la technique, ou plus exactement des obstacles qu'il lui reste à surmonter. L'avis pointe son caractère fluctuant, le point majeur étant cependant son coût, « largement supérieur à l'électricité provenant des filières conventionnelles », note l'Ademe. Mais il tempère cette mauvaise nouvelle : « le coût de production de l'électricité photovoltaïque devrait être comparable au prix de gros autour de 2030 ». Et inférieur au prix de vente entre 2015 et 2020 selon les marchés. « Enfin un organisme public reconnaît que la parité réseau n'est pas si lointaine », apprécie Richard Loyen. Il n'existe finalement qu'un seul point de désaccord entre l'Ademe et les professionnels : la capacité installée à atteindre pour 2020. Les engagements du Grenelle fixent un objectif de 5,4 GW. « Or celui-ci sera de toute façon dépassé, du fait notamment d'une diminution des coûts de production de 30 % par an depuis cinq ans, ce qui a permis un dé ploiement plus rapide que prévu », analyse David Marchal. Dans ces conditions, Enerplan souhaite voir fixer à 20 GW la nouvelle cible, mais l'Ademe ne préconise « que » 15 GW. « Cette estimation tient compte des capacités françaises de production de systèmes pour limiter l'importation, ainsi que des adaptations du réseau nécessaires pour intégrer ces gigawatts supplémentaires », justifie David Marchal. Quelque soit l'objectif, Ademe et Enerplan s'accordent sur le moyen de l'atteindre : offrir une visibilité à long terme et réviser la politique de soutien. « Pour un particulier, les tarifs d'achat changent tous les trois mois, ce qui ne permet pas de mettre en route un projet sereinement, détaille David Marchal. Quant aux grandes toitures, qui sont une opportunité majeure pour le photovoltaïque, elles font la plupart du temps entre 100 et 250 kW, et sont donc soumises à une procédure d'appel d'offres, induisant plus de complexité administrative. » Richard Loyen complète : « Aujourd'hui, les carnets de commandes sont vides. Il faut relever le seuil du tarif d'achat pour qu'il concerne les installations jusqu'à 250 kW, et non plus jusqu'à 100 kW. » l