Rapport parlementaire Selon le rapport de la mission d'information sur la biomasse, présenté le 19 juin dernier par les députés Sophie Rohfritsch (UMP, Bas-Rhin) et François-Michel Lambert (Écologiste, Bouches-du-Rhône) devant la commission du développement durable, les investissements publics et privés en faveur de la biomasse doivent se concentrer au niveau local.
Pour tenir les objectifs de la France en termes de production d'énergies renouvelables, le recours a la biomasse devra être important. Le rapport présente plusieurs pistes destinées à améliorer la valorisation de cette énergie encore largement mé connue, alors qu'elle constitue les deux tiers des énergies renouvelables en France. Pour rappel, la biomasse représente aussi bien la fraction biodégradable « des produits, déchets et résidus provenant de l'agriculture, y compris les substances végétales et animales issues de la terre et de la mer, de la sylviculture et des industries connexes, ainsi que la fraction biodégradable des déchets industriels et ménagers ». Ces matières sont source d'énergie, soit par combustion directe, soit à la suite d'une ou plusieurs étapes de transformation (gazéification, pyrolyse). En France, le bois a fourni à lui seul, en 2011, 46 % de l'énergie renouvelable. S'y ajoutent les biocarburants (10 %), les déchets ménagers (6,4 %), le biogaz (1,8 %) et les résidus agricoles (1,8 %). Or, paradoxalement, 85 % des financements de notre pays consacrés au soutien au développement des énergies renouvelables vont plutôt à l'éolien et au photovoltaïque, souligne la députée UMP, Sophie Rohfritsch.
Ce rapport, complémentaire de celui du président de l'ONF, Jean-Yves Caullet, sur la filière bois, s'intéresse à la façon dont l'ensemble de ces ressources peuvent être transformées en électricité, chaleur, voire carburant. Principale préconisation : favoriser les projets locaux de taille moyenne adaptés aux ressources locales et dans lesquels tous les acteurs de la chaîne sont impliqués. Pour le député écologiste, François-Michel Lambert, « il est nécessaire d'avoir des projets de territoire ». Le rapport propose de profiter de l'Observatoire national de la biomasse pour dresser un schéma national permettant de définir les particularités, évaluer le gisement des ressources et garantir un bilan carbone vertueux. « Une organisation territoriale des acteurs publics et privés autour de projets de taille raisonnable, privilégiant la production de chaleur, la cogénération et la production de biométhane, présente les meilleures probabilités de succès à un coût raisonnable », considèrent les corapporteurs. François-Michel Lambert a ainsi loué le programme porté par la Fédération nationale des communes forestières Mille chaufferies, qu'il juge « très adapté, car territorialisé ». Il a, en revanche, multiplié les critiques à l'encontre d'une grande centrale électrique au bois de l'allemand E.ON prévue à Gardanne, en raison de l'insuffisance de son approvisionnement local. Il a par ailleurs insisté sur la nécessaire complémentarité des six usages, ou « 6 F », de cette ressource qui sert à la fois les fourneaux (alimentation humaine), les fourrages (alimentation animale), les fibres (industrie : bois et papier), la fumure (réalimentation du sol), la forêt (biodiversité) et le fioul (biocarburant). Il s'agit de « privilé-gier les usages à forte valeur ajoutée et à fort rendement », a-t-il insisté. Parmi les autres propositions, le rapport recommande un soutien public « à un niveau acceptable », la plupart des projets n'étant pas encore rentables. Il convient toutefois d'éviter les effets d'aubaine à l'instar de ceux constatés dans le photovoltaïque en 2010, relèvent les rapporteurs. Autre écueil à éviter pour le biogaz, celui d'une « course à la production de cultures énergétiques », dont l'Allemagne fournit l'exemple. Il s'agit au contraire de privilégier une démarche d'économie circulaire réutilisant les déchets.