Tant attendu ou tant redouté, le fameux décret sur l'obligation de rénovation tertiaire ne tombera finalement que l'an prochain. Les collectivités sont bien sûr concernées. Certaines se sont d'ailleurs déjà engagées à en suivre les préceptes au travers d'une charte concoctée par le Plan bâtiment durable. Mobilisation des utilisateurs, exploitation ajustée, interventions sur les équipements techniques, réduire la consommation énergétique d'un bâtiment ne nécessite pas for cément de lourds travaux sur le bâti. « Nous conseillons aux communes de mener des actions de première nécessité faiblement onéreuses, puis de travailler sur la rénovation complète, bâtiment par bâtiment », invite Cécile Pourrat, responsable du service maîtrise de l'énergie et énergies renouvelables du Syane, le syndicat des énergies de la Haute-Savoie, qui a lancé cette année son deuxième appel à projets sur la rénovation énergétique des bâtiments publics.
Des conseils qui valent aussi bien pour les grandes collectivités que pour les plus petites communes. À l'image d'Ayen (740 âmes corréziennes) qui a diminué ses consommations fossiles de 36 % en menant de simples travaux d'isolation et de régulation. Ou encore de celle d'Anneyron (3 316 habitants, Drôme) qui est presque rentré dans ses frais dès la première année (lire encadré) grâce à l'accompagnement du syndicat d'énergie départemental (Sded). « Nous proposons deux étages d'intervention, explique Jean-Christophe Niemiec, son responsable maîtrise de l'énergie. La première, suivi des factures et tableau de bord pluriannuel, correspond à nos missions de conseil en énergie partagée. Si la commune souhaite pousser la démarche, nous pouvons l'accompagner pour ses diagnostics, l'aider à demander un devis pour améliorer ou remplacer ses systèmes de chauffage ou à financer des travaux plus importants. Mais rien qu'en regardant de près les contrats de fourniture d'énergie, on peut trouver des économies de 500 à 1 500 euros. »
Un économe de flux peut aussi faire gagner plus d'argent à la collectivité que le montant de son salaire annuel. Sa mission ? La chasse au « gaspi » : abonnements, réglages, sensibilisation… Depuis plusieurs années, l'Ademe incite ainsi au re cru tement de conseils en énergie partagés (CEP) qui exercent cette mission au profit de plusieurs communes. « Nous avons lancé avec l'Ademe un appel à candidatures pour compléter notre réseau régional, qui compte aujourd'hui une dizaine de CEP », explique un responsable du programme régional Effilogis en Franche-Comté.
Avoir une vision globale du parc et en rationaliser les usages engendre aussi des économies, de l'ordre de 15 %. « Engager une vraie réflexion patrimoniale n'est pas encore entré dans les mœurs. Quand on me dit que rénover avec un objectif BBC coûte trop cher, je réponds qu'il vaut peut-être mieux regrouper des activités dans un bâtiment sur lequel concentrer les efforts et vendre une partie du patrimoine, ou encore transformer une passoire thermique en lieu de stockage… », intervient un technicien de terrain. Et pourquoi ne pas recourir à un tiers en s'engageant dans un contrat de performance énergétique (CPE) ? Pas la grosse machine où l'on en prend pour vingt ans, mais un CPE dit « fourniture et services » correspondant historiquement aux contrats d'exploitation de chauffage avec intéressement et pouvant engendrer entre 10 et 20 % d'économies d'énergie. La communauté d'agglomération de Saint-Étienne, en avril 2011 pour son musée d'art moderne, et Annemasse, en juillet 2013 pour six bâtiments, se sont ainsi toutes deux engagées avec Spie. « Nous avions fixé un objectif de 40 % d'économies à Saint-Étienne. Nous atteignons 54,4 %. Nous allons donc partager les bénéfices de cette troisième année d'exploitation. À raison de deux tiers pour nous et d'un pour l'agglomération qui encaissera presque 4 000 euros de bonus », remarque Frédéric Hérin, responsable du développement des offres de maintenance de l'entreprise. À Annemasse, Spie a pris en charge pour huit ans les équipements énergétiques d'un complexe sportif, d'une maison des sports, de l'hôtel de ville et de trois écoles. Objectif : 25 % d'économies. « En plus du chauffage, on nous a confié les installations de ventilation et de climatisation de deux des six sites, ajoute Frédéric Hérin. Un bon CPE doit traiter plusieurs énergies pour ouvrir une plus grande palette de solutions. Nous conseillons également d'éviter d'inclure la fourniture d'énergie au contrat et de recourir à une assistance à maîtrise d'ouvrage bien formée au protocole international de mesure IPMVP. »