Comment financer la rénovation énergétique ? Multiples rapports, organisation annoncée d'une conférence bancaire et financière, la question préoccupe du sommet de l'État aux vallées de Haute-Savoie. « Malgré les nombreux diagnostics que nous avons accompagnés, les petites communes ont vraiment du mal à passer à l'acte. Sans aides significatives, elles peinent à se lancer dans la rénovation énergétique de leurs bâtiments », constate Jean-Paul Amoudry, sénateur de Haute-Savoie et président du Syndicat départemental des énergies (Syane). « L'idéal est de les aider à monter leurs plans pluriannuels d'investissement, enchaîne Philippe Gardes, responsable du service énergie du Sydev en Vendée dont 80 % des 282 communes adhérentes comptent moins de 3 000 habitants. Nous les aidons à bien définir leurs besoins de rénovation et à aller chercher les financements disponibles. Nous orientons aussi les projets pour qu'ils correspondent aux exigences des financeurs. Le conseil général demande par exemple un gain de deux classes énergétiques. »
Dans le maquis des subventions à glaner, les conseils régionaux apportent é ga lement leur contribution. « Notre appel à projets “rénovations de 100 bâtiments communaux et associatifs en basse consommation”, lancé en 2010, a engagé une dynamique qui se poursuit à travers un nouveau dispositif opérationnel depuis le début de l'année », présente Monique Jung, vice-présidente du conseil régional d'Alsace. La collectivité finance, avec des plafonds, 70 % du coût des audits simples ou approfondis (pour les bâtiments complexes comme les piscines ou les stations d'épuration) et 80 % de celui des études thermiques. Pour les travaux, elle propose un forfait de 25 000 euros auquel s'ajoute une aide au mètre carré de 60 à 100 euros selon le type de bâtiments. « Un bonus de 20 % est accordé pour l'utilisation d'isolants issus de fibres végétales ou animales. Et, pour être en phase avec les budgets des communes, nous proposons désormais un dispositif de rénovation par étapes grâce à des bouquets de travaux “BBC compatibles” », ajoute Monique Jung.
Si de nombreuses Régions comme la Haute-Normandie, la Picardie ou encore la Franche-Comté lancent aussi des appels à projets, le Syane est en revanche le seul syndicat départemental d'énergie à utiliser ce procédé dans l'Hexagone. La structure a ainsi consacré cette année une ligne budgétaire de 400 000 euros à l'accompagnement de sept projets, subventionnés à 30, 35 ou 40 %. C'est grâce à ce coup de pouce que le village de Saint-Laurent, 850 habitants, a pu rénover son foyer communal : 83 700 euros apportés par le Syane pour un investissement total de 472 000 euros, dont 240 000 consacrés au volet énergétique. Livré ce mois-ci, le bâtiment passera théoriquement d'une consommation de 86 000 à 24 500 kWh/an, soit une réduction de 71 %, notamment grâce à d'importants travaux d'isolation, à l'installation d'une VMC double flux et d'un plancher chauffant couplé à une chaudière au gaz à condensation. « Sans cet appel à projets, l'opération n'aurait sans doute jamais vu le jour. Le Syane nous a conseillé de nous concentrer sur un projet ambitieux plutôt que de faire du saupoudrage », témoigne le maire Stéphanie Cadoret. L'opération aura généré environ 3 000 MWh cumac de certificats d'économie d'énergie (CEE) que la commune n'a pas encore convertis en euros sonnants et trébuchants. « Les maîtres d'ouvrage doivent penser à indiquer clairement dans les pièces des marchés publics les prescriptions techniques et administratives nécessaires pour la mobilisation de CEE ou d'autres aides financières », conseille Cécile Pourrat, au Syane. En menant 900 000 euros de travaux depuis 2010, la commu-nau té d'agglomération Seine-Eure a, elle, obtenu 15 CEE pour un montant de 54 000 euros. Autre exemple : celui de la petite ville savoyarde de Jacob-Bellecombette, qui a reçu en juillet un chèque de 17 421 euros de la part de Geo PLC pour les travaux d'isolation dans son école maternelle et sa mairie et l'installation de chaudières à condensation dans plusieurs bâtiments municipaux.
Si les CEE allègent un peu la facture, ils ne suffisent pas à enclencher la décision. D'autant que les petites communes y pensent rarement et recourent davantage aux subventions classiques ou aux réserves parlementaires. Car la rénovation énergétique, ça coûte cher. Et les subventions se tarissent. D'où le développement de solutions de tiers-financement, qui consistent à faire financer une rénovation par un tiers se remboursant en partie sur les économies d'énergie réalisées. Les initiatives des Régions dans le domaine fleurissent. Pour la rénovation des bâtiments publics, les projets les plus avancés sont ceux de l'Ile-de-France, via sa société d'aménagement Saerp (lire encadré), et de Rhône-Alpes qui, la première, à « Oser ». Clin d'œil au nom de la SPL créée par la Région, neuf communes et un syndicat d'énergie en décembre 2012 et qui emploie déjà cinq salariés. « Oser approfondit l'étude des projets apportés par ses onze actionnaires pour, au total, plus de 50 millions d'euros de travaux. Montmélian va ainsi pouvoir rénover une médiathèque et un foyer de jeunes travailleurs, Bourg-en-Bresse, trois bâtiments, la Région, six lycées en plus de ceux déjà programmés, etc. D'autres projets seront lancés l'an prochain. Nous espérons qu'Oser inspirera la création d'opérateurs infrarégionaux du même type », anticipe Régis Pouyet, chargé de la mise en place du dispositif au conseil régional.