Avec son corollaire qu'est la décentralisation, la transition énergétique s'est imposée dans le débat public. Le mérite principal de cette expression est d'avoir ancré dans les esprits l'idée d'un changement de modèle. Le texte de loi attendu en 2014 doit d'ailleurs lui donner corps : fixer des objectifs, lever des verrous et sonner la mobilisation générale. Il serait toutefois naïf, précipité et réducteur de croire la dynamique de transition complètement enclenchée. Naïf, car beaucoup reste à concrétiser. Précipité, car tout mouvement rencontre des résistances. Réducteur, car il ne suffira pas de disséminer ici et là des sources d'énergie renouvelables et des outils de maîtrise de la demande : la transition énergétique s'avère une mutation plus structurelle qu'une simple décentralisation. Dans une étude parue en novembre, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) l'illustre bien. Le document porte sur les villes et réseaux intelligents. Il pointe l'enjeu de la gouvernance à inventer pour la gestion des données numériques que va générer ce nouveau modèle énergétique. Quelles compétences locales ? Quel niveau de pilotage ? Quelles mutualisations ?
La transition énergétique a besoin de cohérence. Les initiatives de terrain qui se multiplient font souffler un vent d'innovation. Toute tentative de généralisation s'avère délicate, car les enjeux diffèrent. Il faudra pourtant structurer et harmoniser l'ensemble. Un soutien à l'autoconsommation photovoltaïque, par exemple, apparaît comme pertinent… à condition de concilier les intérêts des usagers, qu'ils autoconsomment ou non, et ceux du système électrique dans son ensemble. Dans cette transition, c'est toute l'articulation entre les échelles locale et nationale qui est à repenser. Un nouveau laboratoire d'idées, la Fabrique écologique, propose dans son premier rapport de s'inspirer, pour l'énergie, du ferroviaire : un opérateur historique pour socle et des autorités organisatrices locales responsables de l'adaptation du réseau au développement des énergies décentralisées. Une voie à suivre ? En tout cas, à débattre !