C'est inédit sous les tropiques : l'architecte Olivier Brabant devait livrer en février à l'université de la Réunion, à Saint-Denis, un amphithéâtre sans climatisation. « Isolation, protections solaires et ventilation sont les trois mamelles de la construction bioclimatique en milieu tropical », s'amuse l'homme de l'art, qui a particulièrement soigné l'aérodynamisme de l'édifice en bois. Objectif : y obtenir en tout point une vitesse de l'air avoisinant le mètre par seconde, afin d'abaisser la température ressentie de 4 °C. « Ce système de ventilation naturelle repose sur un puits de faîtage, qui joue un rôle de pompe dépressionnaire, des ouïes de façade réglables et un jeu de caissons, en sousface des gradins sans contremarches, qui guident l'air », décrit Olivier Brabant. De l'air qui viendra même lécher le dos des étudiants grâce à des sièges dont les dossiers en résille ont été spécialement conçus. Pour persuader son maître d'ouvrage, l'homme a dû faire preuve d'au moins autant d'ingéniosité. D'abord, en s'appuyant sur l'expertise du réputé laboratoire d'aérodynamique parisien Eiffel. Décidée à réduire le recours à la gourmande climatisation sur l'île, l'Ademe a financé la moitié des études en soufflerie. Ensuite, en prévoyant une tranche conditionnelle asservie à la garantie de parfait achèvement pour l'installation d'un bloc de climatisation. L'équipement d'un coût total de 4,8 millions d'euros a un an pour convaincre. Reste un bémol à signaler : son bilan sur le plan de l'énergie grise, la plupart des matériaux, dont le lamellé-collé, provenant de métropole…