Sur le marché Objets de fiction hier encore, les drones, issus de technologies militaires, prennent peu à peu leur envol en tant qu'outils de travail pour enregistrer des données et réaliser des tâches plus rapidement et plus précisément que l'homme. Et avec ses deux arrêtés ministériels d'avril 2012, la France mène ce ballet aérien : elle est l'un des premiers pays à permettre, en l'encadrant, l'utilisation de drones civils selon des scénarios d'intervention très précis. Fin mars dernier, la direction générale de l'Aviation civile (DGAC) référençait plus d'une trentaine de concepteurs et 602 sociétés habilitées à proposer à leurs clients des services utilisant ces objets volants high-tech, alors qu'elles n'étaient que 200 un an plus tôt. Parmi ces entreprises (essentiellement des TPE et des PME), de plus en plus d'acteurs entendent faire du ciel le point de vue idéal, non seulement pour des images inédites, photos ou films, mais aussi pour surveiller et préserver l'environnement.
Les images prises trouvent déjà des applications en agriculture et s'intègrent dans des études d'impact de l'activité humaine sur l'environnement, après l'enfouissement d'un réseau ou un nouvel aménagement routier par exemple. Mais lorsque les prises de vue dépassent la frontière du visible, les applications environnementales se multiplient. Ainsi, en embarquant une caméra infrarouge, les drones sont capables, par exemple, de cartographier précisément et à distance idéale les cellules défaillantes de panneaux photovoltaïques ou les déperditions thermiques d'un bâtiment (en évitant le biais des prises de vue depuis le sol et en incluant la toiture).
« Maniables, alimentés électriquement
et utilisables dans des conditions de vent similaires à celles des hélicoptères, les drones sont moins gourmands en énergie et leur utilisation est déjà intéressante pour l'environnement de ce point de vue », commente Frédéric Serre, le président du directoire de Delta Drone. « Mais une nouvelle génération d'outils embarqués miniaturisés se prépare et les applications vont se multiplier, pour peu que l'on interprète ensuite les données. » Et, en augmentant la charge utile embarquée et en miniaturisant les capteurs, les drones promettent de devenir des outils performants, non seulement pour voir mais aussi pour prélever et agir.
Embarquer des capteurs multifréquences permettrait par exemple, en sélectionnant les longueurs d'ondes spécifiques des différentes espèces d'arbres, de distinguer les essences et de disposer d'un inventaire précis. Des drones olfactifs pourraient prélever les particules gazeuses en suspension autour des sites industriels pour rendre compte de leur impact de façon plus complète et routinière, y compris en dehors des situations de crise. Les drones pourraient aussi remplacer des interventions humaines à risques, comme le fait le drone anti-frelons Joker de la société VisionScope qui repère les entrées des nids de frelons asiatiques avant d'y injecter de l'azote. « L'utilisation des drones n'a pour seule limite que celle de l'imagination », résume Nicolas Bammez, responsable développement drone du groupe Nox.
Alors qu'industriels et collectivités doivent rendre compte de façon de plus en plus détaillée de leurs impacts environnementaux, l'une des grandes interrogations porte sur l'évolution de la réglementation relative aux drones qui restreint le survol des zones urbaines. Un point que la DGAC ne souhaite pas commenter pour l'instant… et dont la Cnil s'est emparée car il faut veiller à une cohabitation sereine entre humains et bourdons high-tech. l