D
iviser par deux les consom mations d'énergie d'ici à 2050 : c'est possible et nécessaire ! » Dès son titre, la note du groupe de réflexion Terra Nova, publiée début février, donne le ton. Beaucoup craignent qu'une baisse de la consommation énergétique ne freine la croissance. Le laboratoire d'idées assure le contraire. L'analyse décline, par secteurs, les objectifs à atteindre en prenant une hypothèse optimiste de croissance du PIB de 1,7 % par an. Pour diminuer la consommation d'énergie de 20 % d'ici à 2030, puis de 50 % d'ici à 2050, les auteurs estiment que les transports devront consommer 1,5 % de moins par an jusqu'en 2030, puis 2,5 % jusqu'en 2050. On retrouve des chiffres identiques pour le logement. En production (industrie, tertiaire, agriculture), la réduction proposée est de 1 %, puis 2 % par an.
Comment y parvenir ?
Dans les transports, la consommation chute déjà depuis le début des années 2000. « La hausse et la volatilité des prix des carburants ont rendu indis pensables des véhicules plus économes », précise l'étude, par exemple avec la technologie Start&go, conçue pour couper automatiquement le moteur à chaque arrêt. Ajoutons que le covoiturage, le vélo et même la marche se développent. Enfin, une attention particulière est portée aux derniers kilomètres du transport de marchandises en ville. « Ces évolutions n'en sont sans doute qu'à leurs débuts et pourront s'accélérer dans les pro chaines années », assure l'étude.
Sur le long terme, l'urbanisme pourrait favoriser les économies d'énergie en rapprochant les zones d'activité des secteurs résidentiels. Concernant la consommation des logements, on trouve deux analyses. Pour certains, comme la fondation Ifrap, la sortie de la précarité énergétique des ménages va conduire à une augmentation des consommations. Mais pour Terra Nova, la politique de construction de logements sociaux à faible consommation et les programmes de rénovation auront l'effet inverse. Dans les bâtiments tertiaires, on constate dès à présent une amélioration de l'intensité énergétique de 1 % par an en moyenne sur la dernière décennie. Sur le parc public français, environ 30 milliards d'investissements sont déjà financièrement viables. « Mais le soutien de la puissance publique est indispensable pour s'engager dans des investissements ren tables sur plusieurs dizaines d'années », souligne Pierre Musso, coauteur de la note. Quant aux locaux tertiaires, les restructurations profondes des bâtiments, dues à l'obsolescence accélérée liée aux changements des usages, seront autant d'occasions d'engager des travaux.
Ces actions, parfaitement réalisables, nécessitent néan-moins une nouvelle politique à l'échelle nationale et locale. Et pour cela, des objectifs clairs et à court terme sont indispensables. « Si l'objectif est réaliste et proche, il sera mis en avant par les administrations pour monter des programmes d'ac tion et justifier les moyens. Mais un objectif à 2050 est éloigné, il perd de sa force », estime Pierre Musso. D'où le besoin d'une cible intermédiaire en 2030. Un autre élément pose problème : la définition de la « consommation énergétique », qui correspond à la consommation d'énergie finale en France. Se limiter à ce paramètre pénalise les produits fabriqués en France au détriment de ceux importés, dont l'énergie grise – utilisée pour la fabrication – n'est pas prise en compte.