Pourquoi Engie a-t-il racheté Solairedirect ? GM : Cette opération ouvre un nouveau chapitre dans l'histoire industrielle d'Engie. Elle illustre notre réorientation stratégique, que nous avons annoncée il y a deux ans et que nous précisons maintenant. Nous voulons être le leader de la transition énergétique en Europe et l'énergéticien de référence dans les pays à forte croissance. Concrètement, Engie a pris une participation de 95 % au capital de Solairedirect. Nous étions déjà leader en France dans l'éolien, nous le devenons dans le solaire, avec des perspectives de développement en Inde, au Mexique, au Chili, en Afrique du Sud… Est-ce le bon moment pour investir dans le solaire ? GM : En subventionnant la filière, l'Europe a été à l'origine de son essor. Maintenant que les coûts ont chuté, le photovoltaïque se développe dans le monde entier. La Chine et l'Inde constituent des marchés considérables, avec une croissance de 10 % pour le premier et 50 % pour le second ! L'Inde part de plus bas, mais avec de très grandes ambitions. Les pays du Moyen-Orient basculent aussi vers l'énergie solaire, pas forcément en substitution des sources classiques, mais ils ont des moyens financiers considérables pour investir. En Afrique, l'énergie solaire, qui évite la construction de réseaux électriques, s'avère également une solution pertinente. Sans oublier l'Amérique du Sud… On est véritablement en train de passer d'une énergie subventionnée à une énergie compétitive. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : de 60 à 90 dollars le mégawattheure, le solaire est moins cher que l'éolien en mer et le nouveau nucléaire. Quels sont vos objectifs dans les renouvelables ? GM : Toutes énergies confondues, Engie exploite actuel lement dans le monde une capacité de 115 GW, dont 16 % dans l'hy-draulique et 4 % dans l'éolien. Le solaire représente 2,2 % de notre capacité de production électrique en Europe et 0,3 % en dehors. Aujourd'hui, près de la moitié de nos nouveaux projets se font dans les renouvelables. Notre ambition est d'accélérer partout dans le monde. En Europe, notre objectif est de doubler dans les dix ans notre capacité dans les renouvelables électriques, pour atteindre 16 GW. Ailleurs, nous avons déjà 27 GW en cours de développement ou de construction. Nous voulons conforter nos positions dans l'hydraulique, en particulier au Brésil, et nous développer dans l'éolien en mer. Dans le solaire, notamment photovoltaïque, et l'éolien terrestre, il va nous falloir augmenter la cadence. L'acquisition de Solaire-direct répond à cette ambition. Comment évoluera la part des renouvelables dans le mix d'Engie ? GM : À ce stade, je ne peux pas donner de chiffres. Nous sommes en permanence amenés à examiner le poids relatif de nos capacités de production centralisées par rapport aux sources non carbonées ou peu carbonées, comme le gaz. Nous pourrons sans doute communiquer, début 2016, sur notre stratégie et nos objectifs. Un phénomène mondial est en cours. Nous sommes en train d'évaluer sa vitesse de propagation. Il concerne les renouvelables, électriques et thermiques, mais aussi les services à l'énergie. Les deux tiers de notre effectif, soit 100 000 personnes, travaillent dans le domaine de l'efficacité énergétique. Sur un total de 75 milliards d'euros, cela représente 15 milliards d'activités. C'est aussi un métier important pour Engie.