Quelles voies explore Renault pour réduire son empreinte carbone ?
JPH : C'est une discipline qui concerne chacune des fonctions de l'entreprise, depuis la fabrication des moteurs jusqu'au recyclage des véhicules, en passant par la logistique. Notre approche globale s'avère payante puisque l'empreinte carbone mondiale du groupe baisse de 3 % par an, soit dix millions de tonnes de CO2 évitées. Une Clio émet deux fois moins de CO2 qu'il y a vingt ans. Nous y sommes parvenus en réduisant les cylindrées, en améliorant l'aérodynamisme ou encore en récupérant l'énergie au freinage. Nos usines certifiées Iso 14001, six en France et trois en Espagne, se couvrent de panneaux photovoltaïques. À Tanger, notre usine est quasiment autonome en énergie grâce à l'éolien et à la biomasse.
Dans un secteur en pleine mutation, Renault va-t-il devenir un opérateur de mobilité ?
JPH : Renault restera avant tout un constructeur automobile qui apportera des solutions, notamment de connectivité, pour réguler la conduite en fonction du trafic, faciliter le stationnement et le partage de véhicules. Pour répondre aux nouveaux besoins, comme le libre-service, nous nous sommes associés à Bolloré. Nous assemblons ses Bluecar à Dieppe et intégrons notre modèle Twizzy à son offre d'autopartage à Lyon et Bordeaux. Nous avons d'autres partenariats, comme avec la SNCF autour de l'inter-modalité pour compléter son offre de mobilité par le train.
Les voiture s électriques restent-elles une priorité ?
JPH : Bien sûr ! Nous en étions à 65 000 ventes à la mi-2015, le triple à l'échelle de l'alliance avec Nissan. Depuis cette année, nous assemblons nous-mêmes, à Cléon, les moteurs électriques de la Zoe. Le marché décolle. Le superbonus gouvernemental aide. Tout comme l'extension du réseau de bornes de recharge, dont le nombre en Europe double chaque année avec des projets de corridors. À la fin 2016, il sera possible d'aller d'Oslo à Paris en Renault Zoe. L'électrification des modes de transport va aussi profiter des efforts pour décarboner le mix de production. Le marché de la voiture électrique possède un vrai potentiel de croissance et des sauts technologiques vont venir. L'autonomie homologuée de la Zoe est de 240 kilomètres. Pour 2020, nous visons 400 kilomètres.
Quels liens faites-vous entre climat et économie circulaire ?
JPH : Le climat, l'épuisement des ressources et la santé constituent des enjeux si importants pour la société que la demande de solutions va croître. Il y a une vraie cohérence à tout concilier. Nous veillons à ce que nos véhicules soient réparables, faciles à déconstruire et intègrent des matières recyclables et recyclées. Près de 90 % de nos véhicules vendus font l'objet d'une analyse de cycle de vie. Notre site de Choisy-le-Roi produit des moteurs refabriqués et Indra, coentreprise de recyclage de véhicules hors d'usage (VHU), commer cia lise des pièces de réemploi. Nous optimisons la gestion des matières en boucle, recyclons l'aluminium issu des VHU et le cuivre des câblages pour être autonomes. Les platinoïdes des pots catalytiques nous intéressent et nous nous interrogeons sur notre actuel approvisionnement en Afrique du Sud. Un compromis permanent est à trouver entre innovation et coûts.