Le cap des 10 000 Comptes CO2 ouverts vient d'être atteint. « Le rythme est plus lent que ce que nous imaginions au début. Nous étions peut-être un peu trop optimistes en visant le chiffre de 40 000 ménages finistériens inscrits », se souvient Jean-Luc Baradat, président du Compte CO2. C'est à la tête de la jeune pousse 450 que l'entrepreneur lance en 2013 dans le département pilote du Finistère, en partenariat avec le Crédit mutuel Arkéa, ce Compte Épargne CO2 dont la dénomination a depuis été simplifiée et qui, même si le nombre d'inscrits ne répond pas complètement aux attentes, s'est étendu plus rapidement que prévu à tout le pays.Quel est son principe ? Lors de l'ouverture d'un Compte CO2, le bilan carbone du titulaire est calculé, sur la foi de ses relevés de consommations, de la qualité de l'isolation de son logement ou encore des modes de transport utilisés au quotidien. Ses initiatives prises pour réduire ses émissions sont ensuite comptabilisées pour générer un crédit de CO2. Ces crédits peuvent alors être transformés en espèces ou donner droit à des offres spéciales auprès des partenaires de l'opération. « Nous avons ainsi évité l'émission de 210 000 tonnes de CO2 au niveau national. Ça commence à prendre de l'ampleur. Nous passons maintenant à une phase d'amplification », marque Jean-Luc Baradat.Un cinquantaine d'entreprises, de toutes tailles et de tous secteurs, sont aujourd'hui partenaires. Europcar propose ainsi de payer 10 % de sa location avec des crédits CO2, le constructeur de maisons individuelles Trecobat offre une borne de recharge électrique à ses clients… « Le prix plancher est de 52,64 euros la tonne de CO2, mais chaque partenaire fixe la valeur qu'il souhaite », précise le président du Compte CO2. Financo, filiale du Crédit Mutuel Arkéa, et le fabricant de pompes à chaleur Amzair proposent ainsi un prêt à taux d’intérêt négatif ! Le particulier qui emprunte 10 000 euros pour remplacer sa chaudière au fioul par une pompe à chaleur ne devra rembourser que 9 800 euros, ainsi que 10 tonnes de CO2…Les collectivités ne sont pas encore éligibles au dispositif, mais elles peuvent jouer un rôle d’incitation comme le fait Brest Métropole depuis le début et lancer leurs sociétés d'économie mixte ou leurs délégataires de service public dans l'aventure… « Et pourquoi pas payer un jour ses impôts locaux en CO2 ? » rêve Jean-Luc Baradat.Fabian Tubiana