En toute discrétion, Waga Energy a développé un procédé de traitement du biogaz émis par les centres d'enfouissement, pour injection dans le réseau de gaz naturel. Sa particularité ? Être rentable sans compter sur des tarifs d'achat bonifiés. « Nous sommes compétitif avec le gaz naturel, avec les mêmes standards de qualité », assure Mathieu Lefebvre, directeur général de Waga Energy, créé en 2015. Et ce n'est pas une utopie : la première unité a été installée en septembre 2016, la suivante est prévue pour début 2017. En tout, une dizaine de projets sont en cours.« J'ai lancé ce projet de purification du biogaz de décharge en 2007, au sein d'Air liquide. Après une période de veille, j'ai fondé Waga Energy », raconte Mathieu Lefebvre. Sa technologie combine l'utilisation de la membrane de purification du biogaz d'air liquide, standardisée, avec une solution de distillation cryogénique innovante pour séparer le méthane, l'oxygène et l'azote. « Le procédé que nous avons breveté supprime le risque d'explosion lié au mélange du méthane et de l'oxygène », précise Mathieu Lefebvre. Un autre brevet a été déposé pour une technologie d'extraction qui permet de passer de 1 % de dioxyde de carbone (CO2) à moins de 20 ppm. Par ailleurs, le procédé de distillation cryogénique consomme peu de froid. « Les gaz entrent et sortent à température ambiante. Nous utilisons juste un compresseur pour séparer le CO2, et un échangeur de chaleur récupère le froid après la distillation du méthane, de l'oxygène et de l'azote », explique Mathieu Lefebvre. Et les pertes de frigories sont compensées par un ajout d'azote liquide.La première unité a été installée sur un centre d'enfouissement de Coved, à Saint-Florentin dans l'Yonne, en septembre 2016. elle sera opérationnelle début 2017. Une deuxième unité est déjà prévue au printemps 2017. « Une dizaine de projets sont en cours jusqu'en 2019 », ajoute Mathieu Lefebvre, qui vise une centaine de sites équipés en 2025, et le déploiement à l'international dès 2018. La start-up est soutenue par plusieurs investisseurs : elle a levé environ 2 millions d'euros à sa création et bénéficie de l'aide du programme des investissements d'avenir à hauteur de 2,3 millions d'euros, sans compter le soutiens de la BPI et d'autres banques. Des fonds importants sont nécessaires car Waga Energy investit et exploite dans ses propres unités. « Nous achetons du biogaz et nous revendons le méthane », résume le Mathieu Lefebvre.Albane Canto