C'est la dernière ligne droite avant la COP22, prochaine conférence des Nations-Unies sur le climat, et les annonces se multiplient depuis quelques jours. Ce mardi 4 octobre, c'est au tour de l'Europe de faire un pas décisif en présence du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Le Parlement européen doit en effet se prononcer sur la ratification de l'Accord de Paris, après que le Conseil des ministres de l'Environnement ait donné son feu vert le 30 septembre. Les eurodéputés devraient eux-aussi approuver la ratification. Ce qui permettrait de franchir le seuil nécessaire à l'entrée en vigueur de l'Accord de Paris.Six États européensPour rappel, deux critères sont nécessaires. Le premier est déjà atteint, puisque plus de 55 pays ont ratifié l'accord. Reste la deuxième condition : les pays ayant ratifié doivent représenter plus de 55 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Avec la ratification de l'Inde le 2 octobre, le niveau atteint désormais 51,89 %. Il faudra bientôt y ajouter les six États européens, dont la France, ayant achevé leurs procédures internes. Ils comptent pour 4,39 % des émissions mondiales. Quand l'Europe aura officiellement ratifié l'accord, cela suffira donc à franchir le seuil des 55 %. Et ensuite ? L'Accord de Paris entrera en vigueur un mois après. Juste à temps pour la COP22, organisée au Maroc en novembre.Adaptation et financement« L'histoire qui domine aujourd'hui, c'est la ratification, c'est bien normal. Mais il y a beaucoup d'autres enjeux », prévenait toutefois dès la mi-septembre Pascal Canfin, directeur général du WWF France. Citons, par exemple, le « Climate finance day ». Cet événement sera organisé le 4 novembre à Casablanca. Ce sera le moment de faire le point sur les actions engagées dans le secteur financier en lien avec le changement climatique. Plus largement, il s'agit de continuer à structurer les initiatives menées par les acteurs non-Etatiques. « La COP22 sera organisée en Afrique. Elle offre l'occasion aux pays africains d'avancer sur des sujets sur lesquels ils n'ont pas assez obtenu jusqu'à présent : la reconnaissance de l'enjeu de l'adapation au changement climatique, les financements, le déploiement des énergies renouvelables, etc. », complète Pascal Canfin.Deux propositions législativesLes regards sont aussi tournés vers les États. Il ne suffit pas de ratifier l'Accord de Paris, encore faut-il le décliner concrètement dans les politiques nationales. « Les nouvelles alertes scientifiques rappellent que les gouvernements doivent renoncer à tout nouveau projet lié aux énergies fossiles et accélérer le développement des énergies renouvelables et des économies d'énergie », signale le réseau Action climat France. Sur ce sujet, l'Europe est particulièrement attendue au tournant par les ONG. Des propositions législatives européennes sur l'efficacité énergétique et les renouvelables sont prévues cet automne. Ajoutez la révision du marché du carbone ou l'évolution du plan d'investissements Junker, ce sont « autant d'occasions de faire preuve d'une ambition retrouvée en visant par exemple une amélioration de 40 % de l'efficacité énergétique d'ici 2030 à la place des insuffisants 27 % annoncés dans la contribution européenne à la COP21 qui nous conduirait vers un réchauffement de plus de 3°C », défend la fondation Nicolas Hulot. Au passage, FNH réitère son appel à s'opposer à l'entrée en vigueur de l'accord « climaticide » de libre échange avec le Canada, le Ceta. Dans les prochaines semaines, l'avenir du climat ne se jouera pas seulement à la COP22.Thomas Blosseville