Pour RES, une page se tourne. La société est basée à Avignon. Elle développe et exploite des centrales d'énergies renouvelables. Surtout dans l'éolien terrestre. « Nous avons participé à 700 MW de projets éoliens en France et nous possédons un portefeuille de projets de 2500 MW à développer dans les 7 à 10 prochaines années », chiffre son directeur général Matthieu Guérard. Mais l'année 2017 va changer la donne pour l'entreprise.Sa plus ancienne centrale a 15 ans. Il s'agit du parc éolien de Souleilla-Corbière dans l'Aude. La tranche de Corbière est composée de 10 éoliennes Siemens de 1,3 MW chacune. Cela représente une production électrique annuelle de 40 gigawattheures (GWh). Cette tranche est sortie de terre en 2001. Pendant 15 ans, elle a bénéficié du dispositif de l'obligation d'achat. Son électricité était achetée par EDF à un tarif prédéfini. Depuis la fin 2016, elle ne bénéficie plus de ce mécanisme de soutien. Désormais, RES doit vendre l'électricité produite à Corbière directement sur le marché. L'autre partie de la centrale – la tranche de Souleilla – a été mise en service en 2000. Mais elle bénéficie du système de l'obligation d'achat pendant 20 ans. Jusqu'à 2020 donc.De 48 à 110 eurosRES aurait pu vendre son électricité lui-même sur le marché. Le développeur éolien aurait aussi pu signer un contrat à prix fixe avec un agrégateur, c'est-à-dire ces spécialistes de l'agrégation des productions renouvelables et de leur revente sur le marché. RES a finalement choisi une option intermédiaire. Il a bien signé un contrat avec un agrégateur : la société E6. Mais le contrat n'a pas été conclu à prix fixe. Il faudra se confronter à la volatilité du marché de l'électricité.E6 a été fondée en 2015. La start-up est basée à Lausanne, en Suisse. Ce contrat pour le parc de Corbière est son premier en France. Son métier consiste à développer des algorithmes pour prévoir la production d'énergies renouvelables et pour optimiser sa prévente sur le marché. « Avec le besoin d'équilibrer l'offre et la demande, l'électricité est l'un des marchés de commodités qui fluctuent le plus. On peut passer de 48 euros le mégawattheure comme cette nuit à 110 euros dans la journée qui suit. D'où le besoin de bien prévoir la production et sa vente. C'est la mission d'E6 », présentait le 13 janvier Mathieu Bonnet, président de la start-up.Un passage obligé« Nous avons choisi E6 pour vendre notre électricité à un prix fluctuant pour mieux comprendre et apprivoiser la réalité du marché », justifie Matthieu Guérard. Il faut dire qu'E6 se contente de vendre l'électricité sur le marché. « Certains agrégateurs sont aussi des fournisseurs d'électricité. Ils ont un portefeuille de clients-consommateurs à satisfaire qui leur demandent des prix bas. Ce n'est pas notre cas. Nous sommes uniquement placés du côté des producteurs », défend Mathieu Bonnet.Pour RES, cette phase d'apprentissage est un passage obligé. Dans les années à venir, d'autres parcs éoliens devront commercialiser leur électricité sur le marché. Soit des anciens parc qui eux-aussi sortiront du dispositif du tarif d'achat. Soit de nouveaux parcs qui ne pourront pas en bénéficier, car ils seront soumis au complément de rémunération, le nouveau mécanisme instauré par la loi sur la transition énergétique.Thomas Blosseville