Ce mardi 2 avril, Suez, via sa filiale locale Seramm, a inauguré à Marseille, en présence des partenaires du projet – la Métropole Aix-Marseille-Provence, l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Ademe – l’unité de production de biométhane à partir des boues issues du traitement des eaux usées.
L’équivalent de la consommation de 2 500 foyers, soit 290 Nm3/h. C’est le volume de biométhane que produit et livre à Engie l’unité de production que Suez, via sa filiale locale Seramm, a inauguré ce mardi 2 avril, sur le site de la carrière du Sormiou, à Marseille. Ce gaz vert provient de l’épuration du biogaz recueilli lors de la digestion des boues, elles-mêmes produites à l’occasion de l’épuration des eaux usées de l’agglomération marseillaise.
Cette nouvelle unité, grâce à laquelle « la métropole Aix-Marseille-Provence montre qu’elle partage la même ambition et volonté que notre groupe : celle d’agir concrètement et sans plus attendre pour l’économie circulaire », explique Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez, a nécessité un investissement de 9,2 millions d’euros. Seramm, la filiale de Suez délégataire du système d’assainissement de l’agglomération marseillaise et de quatre communes de la métropole, a apporté 2,4 millions d’euros, la métropole Aix-Marseille-Provence 2,5 millions, l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse 2,5 millions auxquels se sont ajoutées les participations de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur (800 000 euros) et de l’Ademe (800 000 euros).
Produire + 50 % de biogaz d’ici à 2020
Au terme du contrat de délégation (dix ans restants), Suez remettra les clés de l’installation à la collectivité. L’industriel estime que, d’ici là, la vente du gaz à Engie lui aura permis de rentabiliser son investissement. « Suez a apporté son savoir-faire et son expérience pour le design de l’installation, sa mise en route et la définition de l’équation économique », indique Yves Fagherazzi, directeur de Seramm. Le chiffre d’affaires que va recueillir Suez pour la vente du biométhane sera pour partie redistribué à la métropole Aix-Marseille-Provence. Au final, l’investissement de la collectivité « n’aura pas de conséquence financière pour les administrés », se réjouit Roland Giberti, huitième vice-président de la métropole Aix-Marseille-Provence délégué à l’eau et à l’assainissement.
Actuellement, Suez compte 18 sites d’injection du biométhane dans le réseau en France, dont huit sont en fonctionnement et représentent, à elles seules, 73 % du biométhane issu de la méthanisation des boues de station d’épuration (Step) injecté dans le réseau national. « Suez souhaite augmenter sa production de biogaz de 50 % d’ici à 2020, avance Jean-Louis Chaussade. Nous sommes au démarrage de la filière. Notre objectif est de produire 10 % du gaz vert hexagonal. » L’unité du Sormiou, d’une capacité de production de 15 millions de kilowattheures (22,8 millions au terme de sa future expansion), se positionne déjà comme la plus importante de France dans le secteur des eaux usées. Le groupe produira, lorsque toutes ses installations auront démarré, 3,5 millions de mètres cubes de gaz.
Une purification sur membranes
L’ensemble du projet a été conduit entre 2017 et 2018 : « Une année pour imaginer la solution technique et la contractualiser et une autre pour la construire », précise Yves Fagherazzi. La production a démarré fin janvier comme prévu initialement. « Ces délais courts ont fait parti des critères d’attribution de l’agence de l’eau », ajoute Laurent Roy, directeur de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse. Les travaux, toujours en cours, consistent à compléter la filière de traitement des boues du site, et sont conduits à l’occasion des travaux de rénovation des digesteurs. L’unité de purification du gaz repose sur la technologie membranaire de Prodeval, une PME basée à Valence dont Suez détient 22 % du capital.
Concrètement, une fois sorti des digesteurs, le biogaz destiné à l’injection doit d’abord être purifié. Après une désulfuration à la soude, il est refroidi à 5 °C pour condenser l’eau qu’il contient. Un passage sur du charbon actif adsorbe le reste de l’hydrogène sulfuré ainsi que les COV. Sa pression est ensuite poussée entre 10 et 15 bar pour permettre son passage dans les membranes se chargeant d’isoler le biométhane, qui en ressort pur à environ 98 %. Ce gaz peut alors rejoindre le skid de GRDF, où une douzaine de paramètres sont analysés, avant odorisation et injection dans le réseau.
Prochainement, des échangeurs de chaleur seront testés, pour un démarrage à l’automne, afin de récupérer la chaleur du gaz en sortie de digesteurs et améliorer encore le rendement de production du site en réduisant la quantité de biogaz nécessaire au chauffage des parois des digesteurs. « La production de biométhane livré à Engie pourrait alors grimper à 400 Nm3/h », avance Marc du Rostu, directeur des travaux de Seramm.
© AB / EM
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