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ÉNERGIE

[Tribune] Flambée des prix de l’électricité : la concurrence accusée à tort

PUBLIÉ LE 8 JUILLET 2021
SYLVAIN LE FALHER
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[Tribune] Flambée des prix de l’électricité : la concurrence accusée à tort
Sylvain Le Falher, co-fondateur et directeur général de Hello Watt. Crédits : Hello Watt
Au 1er février dernier, les tarifs réglementés de l’électricité ont augmenté de 1,6 %. Une nouvelle hausse qui s’inscrit dans une tendance de long terme. Sylvain Le Falher, co-fondateur et directeur général de Hello Watt, évoque les principales raisons de cette augmentation continue des prix.
 
Les tarifs l’électricité ont crû de plus de 60 % depuis 2006. L’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité datant de 2007, des médias, associations et responsables politiques n’ont pas hésité à faire un rapprochement entre ces deux phénomènes, accusant ainsi la libéralisation du marché d’être la cause de cette hausse vertigineuse des prix.

L’ouverture à la concurrence de l’électricité n’est cependant pas responsable de cette hausse continue des prix et a même plutôt contribué à la modérer. Les raisons sont plutôt à chercher du côté de la hausse des taxes, pour financer le développement des renouvelables notamment, et de choix politiques visant à augmenter les recettes d’EDF, à la fois très endetté et et dans l’obligation de financer des investissements nécessaires sur un parc nucléaire vieillissant.
 
Comment sont calculés les tarifs réglementés de l’électricité ?
 
S’il est si facile d’accuser la concurrence, c’est aussi parce que le mode de calcul du prix de l’électricité est mal connu et relativement complexe. La facture d’énergie se décompose en trois composantes approximativement équivalentes : le prix de fourniture, le prix d’utilisation des réseaux (reversé à Enedis et RTE) et les taxes (principalement la TVA et la CSPE, qui finance le développement des énergies renouvelables).
 
Le prix de la fourniture est composé du coût de l’énergie, approvisionnée en partie en électricité nucléaire à un prix régulé grâce à l’ARENH (Accès Régulé au Nucléaire Historique) et sur le marché pour l’autre partie, ainsi que des coûts de commercialisation du fournisseur (marketing, SI, SAV, …), et d’une marge.
 
C’est en optimisant ce prix de fourniture que les fournisseurs alternatifs à EDF parviennent à proposer des tarifs plus compétitifs.
 
Des choix politiques qui pèsent lourd
 
Or, ces trois facteurs (fourniture, réseau et taxes) qui déterminent le prix de l’électricité jouent tous en faveur d’une forte hausse. La valeur de l’électricité sur le marché de gros est notamment en hausse du fait de l’augmentation du prix des quotas de CO2. Le dispositif ARENH, s’il permet aux fournisseurs d’avoir accès à une électricité à moindre coût est toutefois plafonné arbitrairement par l’Etat à 100 TWh/an tandis que la demande de la part des fournisseurs s’est élevée en 2020 à 147 TWh et n’a donc pas pu être satisfaite. Cela entraîne mécaniquement une hausse du tarif réglementé d’EDF et des coûts d’approvisionnement des autres fournisseurs, qui s’approvisionnent davantage sur le marché, plus cher que le prix régulé du parc nucléaire dont les investissements initiaux ont été déjà amortis.

Enfin la mise en place du marché de capacité, mis en place pour passer la pointe hivernale et dont les recettes bénéficient principalement à EDF, contribue également à la hausse du prix de l’électricité.  Les taxes quant à elles ont connu une véritable flambée : selon l’INSEE, leur part dans le prix de l’électricité est ainsi passé de 26% à 35% entre 2010 et 2016, notamment en raison des coûts liés au développement des énergies renouvelables.
 
Ces décisions politiques répondent à la nécessité d’augmenter les recettes d’EDF afin de pouvoir financer les investissements de maintenance sur le parc nucléaire vieillissant. Pour l’avenir il faut d’ailleurs s’attendre à de nouvelles hausses : le projet Hercule d’EDF, récemment mis en pause, visait à séparer l’entreprise en plusieurs entreprises distinctes, la contrepartie obtenue auprès de la commission européenne étant une hausse à venir du prix régulé de l’électricité nucléaire, ce qui entraînerait une hausse des tarifs de l’électricité.
 
Des prix inférieurs pour les consommateurs qui font marcher la concurrence
 
Accuser l’ouverture à la concurrence d’être à l’origine de cette hausse est d’autant plus inexacte qu’elle permet au contraire à de nombreux consommateurs d’avoir accès à une électricité bon marché. De plus en plus de particuliers se tournent d’ailleurs vers les autres fournisseurs d’énergie, pour des offres plus compétitives ou vertes. 27,5% des français font désormais appel à des fournisseurs alternatifs, contre 19% il y a seulement deux ans.

Si les 23 millions de foyers encore dépendants des tarifs réglementés pratiqués par EDF choisissaient une offre d’énergie compétitive, ils pourraient économiser jusqu’à 3,7 milliards d’euros par an.
 
Vers un nouveau système énergétique
 
L’ouverture à la concurrence constitue également, associée au déploiement des compteurs communicants Linky et Gazpar, une formidable source d’innovation favorisant les économies d’énergie. C’est un moyen unique pour nous permettre de mieux comprendre et maîtriser notre consommation d’énergie.

Loin de constituer un problème, la concurrence peut permettre de développer de nouvelles solutions plus performantes et fondées sur la donnée pour accompagner les particuliers dans la transition énergétique de leur logement. Elle est un outil indispensable à la construction d’un système énergétique plus efficient, autonome et résilient.
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