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POLITIQUES

[Tribune] « La fonte de l’Arctique doit stimuler les investissements dans la durabilité en France »

PUBLIÉ LE 22 AVRIL 2022
OLAFUR RAGNAR GRIMSSON, ANCIEN PRÉSIDENT DE L'ISLANDE ET PRÉSIDENT DU JURY DU PRIX ZAYED POUR LA DURABILITÉ
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[Tribune] « La fonte de l’Arctique doit stimuler les investissements dans la durabilité en France »
Olafur Ragnar Grimsson, ancien président de l'Islande et président du jury du Prix Zayed pour la durabilité. Crédit : DR
Pendant des millénaires, les anciens glaciers de l’Arctique s’érigeaient fièrement, mais leurs jours sont désormais comptés. À l’occasion de la journée de la Terre, Olafur Ragnar Grimsson, ancien président de l’Islande et président du jury du Prix Zayed pour la durabilité, évoque la fonte des glaciers en Arctique, les récentes observations du GIEC et l’insuffisance de l’investissement et des politiques menées en France en matière de transition énergétique. 

Année après année, j’ai vu le plus grand glacier d’Islande, Vatnajökull, rétrécir. Presque tous les glaciers d’Islande reculent, et les scientifiques prévoient qu’ils pourraient totalement disparaître d’ici un à deux siècles. Cette fonte des glaces ne touche pas seulement l’Islande, mais le monde entier. Or, l’Arctique contribue à réguler la température de la planète : plus la glace arctique fond, plus notre monde se réchauffe. Ce phénomène est ainsi à l’origine des hivers extrêmement froids au Texas, des tempêtes hivernales plus dévastatrices en Europe, des moussons imprévisibles en Inde et tous les phénomènes météorologiques dont les effets sont intensifiés par le changement climatique.

Par ailleurs, la fonte des glaces de l’Arctique entraîne une élévation du niveau des mers. Certains experts estiment que les océans s’élèveront de 7 mètres d’ici 2100, dévastant ainsi de nombreuses villes côtières, sans épargner les littoraux français ou les fragiles territoires d’outre-mer, riches en ressources halieutiques, en patrimoine et vital au bon fonctionnement de tout un écosystème.

Selon le dernier rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), un scénario de +1,5°C d’ici 2100 pourrait entraîner la hausse du niveau des océans de 26 à 77 centimètres d’ici à 2100. En France, d’ici 2050, la Camargue pourrait avoir disparu sous les eaux de la Méditerranée, l’île d’Oléron ou Noirmoutier seraient englouties, et les habitants de Calais et Dunkerque auraient été déplacés.

Investir massivement dans les énergies propres

En plein entre-deux-tours des élections présidentielles françaises, le prochain quinquennat doit refléter l’urgence de la situation, à l’aune des observations du GIEC et des remarques du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a déclaré : « Les activistes climatiques sont parfois dépeints comme de dangereux radicaux. Mais les radicaux vraiment dangereux sont les pays qui augmentent la production de combustibles fossiles. »

En Islande, nous sommes passés d’une dépendance de 80 % au pétrole et au charbon dans les années 1970 à un mix énergétique à 100 % renouvelable et géothermique. En 40 ans seulement, nous avons prouvé qu’il était possible de réaliser une transition énergétique totale et que les villes sont d’autant plus vivables grâce à l’énergie propre. Nous avons vu l’impact de cet investissement à la fois sur notre environnement et sur notre économie. Une énergie à faible teneur en carbone a empêché des millions de tonnes de dioxyde de carbone de pénétrer dans l’atmosphère et a contribué à une croissance significative de notre économie.

Malheureusement, dans certains pays européens, les vieilles mœurs persistent. Le recours aux énergies renouvelables est moindre : en France, le gaz pétrolier et le nucléaire représentent respectivement 27,5 et 39,2 % des ressources principales en termes de consommation. Cela représente une grande part du fossé qui nous sépare de la neutralité carbone.

Le rapport du GIEC souligne la nécessité d’investir massivement dans les énergies propres, car bien qu’il dresse un tableau sombre des périls auxquels notre monde est confronté, il nous montre également une voie à suivre. Il nous rappelle que chaque fraction de degré de réchauffement évitée compte.

Chaque euro investi dans la protection de la nature est cinq fois plus rentable

Trois ans pour agir : c’est ce que le GIEC recommande pour s’assurer un avenir vivable. Cela inquiète de nombreuses personnes et a fait naître la notion d’éco-anxiété. Le gouvernement actuel étant déjà condamné par la justice pour inaction climatique, les Français estiment que les candidats retenus pour l’élection présidentielle ne donnent pas une place suffisamment centrale aux questions environnementales, en dépit de la mesure d’ISF climatique avancée par certains pour taxer les plus riches selon leur empreinte carbone.

Nous devons donc continuer à nous battre, et à investir. Chaque euro investi dans la protection de la nature est cinq fois plus rentable. L’investissement dans le développement durable est le seul moyen de mettre fin à ce drame climatique. Les incentives telles que le Prix Zayed, qui remet chaque année une récompense à hauteur de 600 000 dollars à des entreprises et ONG engagées dans le développement durable et humain, sont d’une importance capitale pour maintenir l’effort collectif qui nous permettra de préserver l’environnement et les ressources naturelles.
Après la COP15 à Paris, nous avons réalisé que la diplomatie et la politique seraient des véhicules lents face aux défis devant nous. Par conséquent, le seul espoir d’un changement rapide et transformateur est d’investir dans les nouvelles technologies propres et d’accompagner les visionnaires qui se consacrent à la création de ces solutions innovantes qui sont non seulement scientifiquement solides, mais aussi pratiques. Ce sont ces visionnaires de la durabilité qui sont le vrai moteur du changement.

L’Arctique est peut-être le signe avant-coureur du changement climatique causé par l’homme, mais c’est aussi l’endroit où l’on peut trouver la plus grande inspiration pour lutter contre la crise climatique.
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