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POLLUTIONS

Faut-il reculer l'âge de la retraite des centrales ?

LA RÉDACTION, LE 1er OCTOBRE 2009
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L'examen théorique est satisfaisant, reste à passer l'examen pratique. Telle est, en gros, la conclusion de l'Autorité de sûreté nucléaire ( ASN, le « gendarme » du nucléaire), présentée en juillet dernier, de la troisième visite décennale des centrales de 900 mégawatts électriques (MWe). L'enjeu est de taille, puisque c'est seulement à cette issue que chaque réacteur se verra ou non accorder l'autorisation d'être exploité dix ans de plus. La centrale de Tricastin 1 est la première à subir cet examen et elle sera suivie de près par Fessenheim 1. L'examen théorique, c'est « l'étude générique », durant laquelle l'ASN examine sur le papier l'ensemble des réacteurs de 900 MWe, en prenant en compte notamment les conclusions des examens précédents, les avancées en recherche et développement, le retour d'expérience français et international, et les objectifs les plus récents en matière de sûreté nucléaire. Et ses conclusions sont positives : « L'ASN n'identifie pas dans les études génériques d'éléments mettant en cause la capacité d'EDF à maîtriser la sûreté des réacteurs de 900 MWe jusqu'à 40 ans après leur première divergence », écrit l'ASN, c'est-à-dire quarante ans après le démarrage de la réaction nucléaire en chaîne dans le réacteur. Quant à l'examen pratique, c'est un bilan de santé complet du réacteur mis à l'arrêt, pendant trois à six mois. Deux équipements sont particulièrement contrôlés : l'enceinte de confinement et le circuit primaire. Ils sont mis sous pression pour vérifier l'absence de fuite. La cuve dans laquelle ont lieu les réactions nucléaires est aussi examinée afin de s'assurer de l'absence de fissures. Enfin, des milliers de tuyaux, pompes, soudures, détecteurs, vannes, câbles et autres générateurs de vapeur sont vérifiés. À l'issue de cette visite effectuée par EDF sous le contrôle de l'ASN, l'exploitant redémarrera la centrale et publiera dans les six mois qui suivent un rapport, examiné par l'ASN. « Nous pouvons accorder un feu vert pour dix ans ou exiger la fermeture de la centrale ; mais il existe aussi toute une palette de décisions intermédiaires : poursuite de l'exploitation sous conditions, autorisation pour seulement cinq ans, etc. », indique André-Claude Lacoste, directeur de l'ASN. Les résultats de la visite décennale de Tricastin 1 auront probablement des répercussions sur l'ensemble des centrales de 900 MWe. En effet, le parc nucléaire français est très homogène. L'enjeu n'est pas seulement de continuer dix ans de plus, ce qu'EDF considère comme quasiment acquis. L'électricien souhaite surtout poursuivre l'exploitation bien au-delà de quarante ans. Dans une présentation à des investisseurs à Londres, le 8 décembre dernier, il affirmait être « confiant dans l'obtention de l'autorisation de fonctionnement à 40 ans », et envisageait de « porter la durée de vie du parc français significativement au-delà », soit soixante ans. Une durée de quatre-vingts ans a même parfois été mentionnée. La prolongation des centrales implique de lourds investissements. « EDF a prévu d'investir plus de 20 milliards d'euros pour ce programme sur la période 2015-2035, écrit Jean-Marc Miraucourt, directeur adjoint de la division ingénierie nucléaire d'EDF. Compte tenu de son ampleur et pour planifier sa réalisation, une visibilité au-delà de dix ans sur la durée de fonctionnement est nécessaire. » Traduction : nous n'engagerons ce programme de rénovation que si l'ASN se montre moins frileux sur la durée d'exploitation... L'Autorité, de son côté, s'en tient à son autorisation accordée tous les dix ans. « Même si EDF parle d'exploitation jusqu'à 60 ans, elle ne nous a pas transmis de dossier technique à ce sujet, oppose André-Claude Lacoste. Nous regrettons qu'elle ait mentionné cette durée dans une analyse financière. Il ne faut pas que la gestion d'EDF soit basée sur des paris concernant la durée d'exploitation. » Car les centrales vieillissent. Les pièces se dégradent, certaines sont remplacées ou réparées, mais d'autres sont impossibles à changer, comme la cuve ou l'enceinte de confinement. La cuve, notamment, est l'élément clé de la durée de vie d'une centrale. Sous l'effet de l'irradiation, ses propriétés mécaniques évoluent. « La température en dessous de laquelle l'acier de la cuve a un comportement fragile augmente au cours de l'exploitation du réacteur », précise Laure Monin, à la direction des équipements sous pression nucléaires à l'ASN. Ainsi, à Fessenheim, on est obligé de maintenir la cuve au-delà de 80 °C car, en dessous, elle risquerait de se briser. Or, cette rupture n'a pas été prise en compte lors de la conception des réacteurs, et rien n'est donc prévu pour y faire face. La question du prolongement n'est donc pas uniquement technique, elle est surtout économique et politique. La plupart des réacteurs français ont été construits à la même période, pour être mis en service entre 1980 et 1990. D'où un « effet de falaise » : « si la durée d'exploitation effective de ces réacteurs ne dépassait pas la durée de vie de conception initiale, soit quarante ans, 13 réacteurs seraient arrêtés d'ici à 2020 et 24 autres entre 2020 et 2025 », rappellent les sénateurs Claude Birraux et Christian Bataille, de l'Office parlementaire des choix scientifiques et techniques. S'ils tiennent pour acquis l'exploitation jusqu'à 40 ans, voire 60 ans, l'ASN sera-t-elle du même avis ? En réalité, la décision de fermeture n'est pas du ressort de l'Autorité, mais du gouvernement. Celui-ci pourrait-il aller contre un avis négatif de l'ASN ? « Les autorités sont déjà passées outre un avis défavorable de l'ASN sur la banalisation des dérogations à l'interdiction d'addition de nucléotide dans les produits de consommation », rappelle Monique Sené, présidente du Groupement de scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire.


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