Plus de 100 microgrammes de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) : c’est la teneur que relève Sébastien Sauvé dans un kilo de sol de surface issu de terrains voisins de la plateforme chimique de Pierre-Bénite (Rhône). Le professeur de chimie environnementale (université de Montréal) a scruté 80 PFAS dans plus de 200 échantillons de sols, fournis par l’association Ozon l’eau pure. Sur une école maternelle, le taux atteint 114 µg/kg, selon l’étude prochainement publiée et présentée en réunion publique fin 2024 dans la métropole lyonnaise. On ne peut rapporter ces chiffres à un seuil réglementaire ou à une valeur guide - inexistants pour les sols. Mais « un terrain agricole recevant du fumier ou du compost contient habituellement 2 à 3 µg/kg de PFAS et 10 à 20 µg/kg si y sont épandues des boues urbaines », compare l’expert en chimie des sols (1).
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Le professeur constate une corrélation entre les concentrations en Pfas dans les sols (14 substances étudiées) et celle mesurée dans les œufs issus de poules domestiques (8 substances). Consommer un œuf « maison » ferait ingérer 600 ng de Pfas, soit six fois le plafond fixé par l’Union européenne pour un litre d’eau potable (pour 20 Pfas) – et trente fois celui recommandé par Santé Canada (30 ng/l pour 25 Pfas). L’exposition alimentaire passe principalement par « les protéines animales, du fait de la bioaccumulation ».
Commentant des analyses menées sur 44 prélèvements d’eau (de surface, de nappe, potable) étudiés au regard de 77 Pfas, Sébastien Sauvé conclut que « la quasi-totalité des échantillons seraient considérés impropres à la consommation aux Etats-Unis », où le plafond est de 4 ng/l pour le PFOA et le PFOS (individuellement).
La métropole de Lyon abrite quelque 5 000 sites potentiellement pollués aux PFAS, selon une cartographie en cours de finalisation.
1 : propos tenus lors d’un récent webinaire organisé par le Centre de ressources et d’expertise scientifique sur l’eau de Bretagne.
2 : les quatre substances pour lesquelles l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a fixé en 2020 des doses hebdomadaires tolérables via l’alimentation.