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LA RÉDACTION, LE 1er SEPTEMBRE 2007
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En France, plus que dans d'autres pays, la traque au Réfiom inutile est justifiée. En effet, quand certains pays valorisent les cendres en bitume ou en ciment (un mode de recyclage qui absorbe la moitié des 40 à 50 kg de Réfiom produits par tonne d'ordures ménagères incinérée) et d'autres autorisent les cendres sous chaudière à finir en classe 2, l'Hexagone, lui, ne retient que des filières coûteuses : classe 1, vitrification, et même mines de sel. Cette exigence impose une stratégie de réduction à la source. Le choix du réactif est crucial. Que ce soit pour l'adsorption (métaux et dioxine) ou pour la neutralisation des gaz acides (HCl, HF, SO2), les produits ne sont pas tous aussi performants. Entre une chaux de base et la gamme plus récente Sorbacal SP à très fort volume poreux de Lhoist, l'efficacité est doublée. Idem pour le bicarbonate de sodium de Solvay (procédé Neutrec). « Le bicarbonate contribue naturellement à la réduction à la source. Il favorise l'apparition d'eau, qui part en vapeur et réduit la masse finale », précise Jean-Michel Frada, directeur de Resolest, l'usine de recyclage du bicarbonate. Mais il est plus cher. « Le choix se fera en fonction des volumes de Réfiom en jeu et du prix de l'exutoire », souligne Siegfried Tenas, responsable environnement de Lhoist, producteur de chaux. Pour le charbon actif, les volumes en jeu sont moindres, mais des économies en réactif, donc en traitement de Réfiom, sont aussi possibles. À 900 e la tonne de charbon, gagner 200 à 400 g par tonne d'OM traitée devient vite profitable pour de grosses unités. Comment y arriver ? En travaillant sur la surface spécifique (surface totale de contact par gramme de produit). Mais pas seulement, car à surface spécifique identique, le rendement de captation peut être très différent. « Il faut étudier la taille des pores et leur proportion, conseille Yann Ladoucette, ingénieur commercial chez Norit. Pour bien capter les dioxines, il faut une forte proportion de mésopores, alors que la surface spécifique est surtout le fait des micropores. » Autres critères importants : la finesse du produit, qui augmente la probabilité de contact avec le polluant, et la densité. « C'est pour prendre en compte tout cela que nous avons développé un indice, le Norit Dioxine Indice. Il qualifie nos produits, comme le GL 50 ; nous sommes en train d'en créer un pour les métaux », explique Yann Ladoucette. Mais « il faut garder en tête que le rendement d'un réactif n'est pas absolu. Il dépend des conditions d'utilisation : milieu oxydant ou réducteur, température, point d'injection, etc. C'est pour cela que nous auditons l'installation de nos clients », rappelle-t-on chez Lhoist. « En adsorption, le temps de contact et la température jouent beaucoup. Car tous les 40 °C, le dosage augmente de moitié », confirme Yann Ladoucette. Il faut aussi tenir compte des caractéristiques des déchets à brûler. « La chaux a un spectre d'action très large, qui garantit l'abattement du fluorure d'hydrogène (HF) », donne comme exemple Siegfried Tenas. De même, le coke de lignite, peu coûteux mais trois fois moins performant que le charbon actif sur les dioxines et les métaux, est utilisable si le site n'émet quasiment pas de mercure. Doser au plus juste Autre point clé pour minimiser les Réfiom : utiliser la bonne dose de réactifs. C'est là qu'entre en jeu la mesure, en particulier en sortie de chaudière, avant le traitement des fumées. Elle se généralise pour les unités supérieures à 10 t/h, tant pour réduire les quantités de Réfiom que pour garantir en continu un respect des seuils à la cheminée et ne pas risquer l'arrêt d'office de l'unité. « La mesure devient un auxiliaire de gestion, un outil de production, elle n'est plus seulement un coût », note Fabien Burato dont le groupe, Environnement SA, équipe 19 sites en France. Ces appareils, dont le retour sur investissement est de deux ans, doivent fournir une réponse rapide et résister à des conditions difficiles. Ainsi, le MIR-IS d'Environnement SA s'installe à moins de 2 mètres du point de piquage pour une réponse en dix à vingt secondes. Même souci chez Sick Maihak : « Nous avons opté pour une extraction à très haut débit, pour ne pas perdre de polluants qui auraient le temps de s'adsorber sur le préleveur », indique Mathias Dumas, chez cet autre fournisseur d'analyseurs in situ. Le dosage du réactif s'effectue ensuite sur la base de cette mesure, parfois en relation avec une autre mesure en sortie de cheminée. Cet enregistrement n'a pas besoin d'être ultra sophistiqué. « On voit avant tout des dispositifs d'alarmes sur les seuils et sur les variations, plutôt qu'en tout automatique », souligne Mathias Dumas. Grâce à ces données, l'injection se fait au plus juste, tout en garantissant le respect des moyennes semi-horaires et journalières. Ce mode de régulation est surtout valable pour l'injection de chaux ou de bicarbonate, en traitement des gaz acides (HCl et SO2). Mais un contrôle séquentiel des dioxines, voire un contrôle continu du mercure, peut également être facteur d'économies, en l'occurrence de charbon actif. Idem pour d'autres paramètres, notamment de combustion (CO, CO2, COT), par ailleurs essentiels pour le respect des seuils réglementaires à la cheminée. « Une bonne combustion signifie moins de COT, précurseurs de dioxines, dans les fumées », rappelle l'ingénieur-conseil Alexandre Roche. Donc moins de réactif, et donc moins de Réfiom. Une bonne combustion, c'est aussi moins d'imbrûlés, donc moins de poussières. Donc moins de Réfiom. Attention tout de même : « Une bonne combustion nécessite un excès d'air, et peut donc être source d'un envol supplémentaire de cendres » à éliminer comme Réfiom, note Christophe Cord'homme, chez Cnim. En ce sens, le procédé Ecotube, destiné avant tout à réduire la production de NOx, est intéressant. La turbulence que crée l'air injecté par ce tube plaque les cendres volantes au sol. « Sur 22 fours en Europe, la réduction d'envolées se situe entre 5 et 15 % », note le directeur de Roche Technologies, qui commercialise cette solution. Repenser son ingénierie L'ingénierie des procédés est donc essentielle pour qui veut réduire ses Réfiom à la source. Le choix du mode de traitement de l'air est le premier levier d'action. Un traitement en voie humide produira un gâteau de filtration bien moins important (5 à 10 kg par tonne d'OM) qu'un traitement semi-humide, lui-même moins producteur qu'un traitement sec (40 à 50 kg/t). Mais d'autres facteurs influencent cette production. À commencer par l'existence ou non d'une boucle de recirculation des réactifs. Utiliser ceux-ci au maximum, d'accord, mais « il faut que cet ajout de complexité se justifie », estime Christophe Cord'homme. C'est le cas à Sheffield, en Grande-Bretagne, où la priorité donnée à la valorisation énergétique maximale a conduit au choix d'un traitement sec, très producteur de thermies mais très consommateur de chaux, assorti d'une recirculation. Inversement, à Marseille, on a opté pour un traitement semi-humide, qui certes génère moins de Réfiom, mais surtout garde des thermies pour une denox catalytique. Cependant, Maria Leibetseder, directrice d'Air Innovation, se dit étonnée que la recirculation ne soit pas plus demandée, comme c'est le cas dans d'autres pays, car en moyenne, on gagne 30 % sur le réactif chaulé et/ou sur l'adsorbant. Autre option possible : la lance à chaux, promue justement par Air Innovation. Son principe est de créer dans le milieu d'injection une zone humidifiée pour favoriser la réactivité de la chaux sous forme ionique. La lance à deux conduites concentriques injecte simultanément chaux sèche et vapeur saturée, et permet un gain en consommation de chaux de 30 %. Mieux, ces résultats sont obtenus en utilisant une chaux ordinaire, moins chère, en remplacement d'une chaux à très grande surface spécifique. Concilier valorisation énergétique maximale et réduction des volumes de Réfiom est donc possible. Un regard global Citons aussi les manches catalytiques Remedia de Gore Tex, qui agissent sur les dioxines sans charbon actif. Mais elles exigent une faible émission de mercure gazeux ou sa captation par le traitement calcique... Ce qui est de moins en moins facile. Car, « comme les déchets contiennent de moins en moins de chlore, il y a de moins en moins de chances pour que le mercure s'y associe et forme du chlorure métallique, un composé qu'on savait capter à la chaux. Résultat : on est obligé de remettre du charbon actif dans les manches catalytiques pour ce seul polluant ! » remarque l'expert de Roche Technologies. Tout choix d'ingénierie doit donc se faire avec un regard global. Ce dernier exemple pour ceux qui en douteraient encore, celui des usines ayant choisi une double filtration (amont pour les cendres, aval après neutralisation) afin de vitrifier les cendres ou recycler les produits de neutralisation au bicarbonate : « Il faut garder en tête que la réaction de neutralisation prend place en grande partie dans le gâteau formé sur le filtre à manches et que les cendres volantes contribuent à sa bonne structure. Extraire trop de cendres obligerait à augmenter le volume de chaux pour obtenir la même performance. » Comme le signalent de nombreux experts, la clé d'une réduction des Réfiom à la source réside aussi dans la régularité des apports en déchets dans le four. Une trop forte variabilité du gisement à brûler, donc des émissions, pousse à la surconsommation de réactifs. Un chargement homogène du four par le grutier est donc primordial, tout comme un équilibre entre OM et apports externes (déchets hospitaliers, DIB, etc.). Sans oublier, en amont, la qualité du travail sur toute la chaîne de collecte et de tri auprès des ménages.


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