On nous l'a dit et redit : surtout ne pas jeter le verre avec les autres déchets recyclables. Question de sécurité. Pourtant, la communauté urbaine de Lille, sous l'impulsion de son très iconoclaste élu chargé des déchets Paul Deffontaine, demande de faire l'inverse. Dans les quartiers qui viennent de passer à la collecte sélective, en hypercentre et prochainement à Roubaix et Tourcoing, verre et autres déchets recyclables vont dans le même bac. « Quand Lille et Dunkerque ont lancé la collecte sélective, en 1989, c'était déjà avec cette consigne, se souvient Laurence Deligny, chez Triselec, la société qui pilote le tri dans ces collectivités. Les élus voulaient que le geste de tri soit simple et ne multiplie pas trop les tournées de camions-poubelles. » Autre argument : maximiser le taux de captage. Là où la performance nationale moyenne plafonne à 30 kg/hab/an, Lille fait, selon Triselec, 40 kg « hors apport volontaire », certes avec un gisement local supérieur. Le tout aux PTM1, assure Triselec, qui a comme repreneur Owens Illinois, via le préparateur Prover, dans le cadre de la garantie Eco-Emballages. Les centres de tri, dont celui du port fluvial qui ouvre le mois prochain, ont été adaptés en conséquence : crible à 50 mm pour isoler les fines, tri aéraulique pour séparer corps lourds et corps légers puis trommel séparant verre moyen (8 à 15 mm) et gros verre (plus de 15 mm) avec contrôle manuel ensuite. « Cela n'a pas été facile, on en est parfois venu à faire constater par huissier que nos lots étaient conformes aux PTM, se souvient Laurence Deligny. Certaines collectivités qui nous imitaient ont cédé à la pression ; nous sommes les seuls à avoir tenu tête. »