Quand en 1993, l'usine d'incinération des déchets Azalys de Saint-Germain-en-Laye (78) choisit pour réduire ses émissions d'oxydes d'azote (NOx) un traitement dénox catalytique, elle fait figure de pionnière. Cependant, l'investissement est représentatif d'un début de prise de conscience de l'urgence qu'il y a à s'attaquer à ces polluants irritants, précurseurs d'ozone et qui participent à l'acidification des sols et à l'eutrophisation des eaux. Depuis, les émissions sont en légère baisse. La directive de 2000 sur l'incinération, applicable dès 2002 pour les nouvelles unités, a contribué au mouvement, soutenu par d'autres réglementations sectorielles et par la directive NEC, qui fixe des plafonds d'émissions pays par pays pour quatre grands polluants (COV, NH3, NOx, SO2). Ainsi la France doit réduire de 40 % ses émissions de NOx avant 2010 par rapport à 1990.
À l'approche de l'échéance, force est de constater que les résultats ne seront pas tout à fait à la hauteur des espérances (lire encadré ci-contre). Les efforts devront être soutenus et faire appel à tous les progrès techniques. Et ceux-ci ont été nombreux, du process industriel intégré au mur photocatalytique à base de dioxyde de titane. Dans le secteur de l'automobile, contraint par les normes Euro, on note une forte progression des dépôts de brevets.
Mais un dilemme se pose : il faudra arbitrer entre émissions de CO2 et émissions de NOx, l'augmentation de rendement exigée par la réduction de CO2 étant souvent source de NOx. Certains industriels utilisant la combustion à haute température sont confrontés au même choix. La combustion sans flamme (lire Solutions p. 105) ou l'oxycombustion seraient de bonnes solutions. Dans le domaine de l'incinération, où il reste encore une vingtaine d'usines à mettre aux normes, les moyens évoluent aussi. L'écotube du suédois Ecomb en est une illustration. Ce tube percé de trous injecte l'air secondaire en quantité limitée en créant une forte turbulence. Trois incinérateurs français en sont équipés et atteignent sans réactif ammoniaqué les 200 mg/ Nm3 réglementaires. Et avec l'injection conjointe d'un peu d'urée, les 80 mg/Nm3 sont atteints, sans recourir à la réduction catalytique. Une première centrale thermique au charbon à Saint-Ouen (93) vient aussi de s'équiper de cette technologie et pourrait faire des émules.