Que faire des vieilles radios médicales ? En polyester, elles contiennent de l'argent, deux produits réutilisables. Mais pour les recycler, il faut les collecter. L'association Recycl-M vient de lancer une expérience de récupération et de recyclage des vieux clichés radiologiques auprès des pharmacies et des hôpitaux, dans la Manche (50). En cas de succès, cette collecte sera étendue.
« De telles collectes existaient dans le passé, mais avec l'arrivée des radios numériques, c'est devenu moins rentable, et les sociétés ont arrêté leur ramassage, constate Nicolas Gabrielian, co-fondateur de Recycl-M. Pourtant, les stocks restent importants. Et les déchèteries ne les collectent pas séparément. » Recycl-M collecte déjà les vieilles radios auprès des hôpitaux et des radiologues, et a lancé récemment la récupération auprès des particuliers, grâce à des pharmaciens volontaires. « Ce sont les personnes idéales : ils ont une relation de proximité et de confiance avec les malades, observe Nicolas Gabrielian. Nous les informons par voie de presse et par tracts. Les premières résultats sont satisfaisants, aussi bien en milieu rural qu'urbanisé. » Chaque point de collecte se remplit en trois à quatre mois et une personne de l'association vient trois à quatre fois par an récupérer les radios. Celles-ci sont traitées actuellement en Europe chez différents partenaires. Les radiographies sont lavées dans une solution chimique afin de retirer la pellicule de sels argentiques. Le liquide est ensuite soumis à une électrolyse pour récupérer l'argent (pur à 99,95 %), puis dans des évaporateurs afin de ne rejeter qu'un liquide dénué de tout polluant. Le polyester part dans les circuits de recyclage spécialisés.
Aucun objectif chiffré de collecte n'est défini. Dans le Sud, l'association dispose actuellement de 600 points de collecte depuis Toulon jusqu'à Tarbes. Dans la Manche, 91 pharmacies ont accepté d'être point de collecte, et les particuliers répondent aussi présent. Recycl-M espère atteindre 3 000 à 4 000 points dans ce département l'année prochaine et l'étendre au Calvados, puis à d'autres départements. Elle compte aussi s'implanter prochainement dans le Nord. « La valorisation du produit est suffisante pour que ce recyclage soit rentable », affirme Nicolas Gabrielian. C'est surtout l'argent présent dans les radios, plus que le plastique, qui rémunère la collecte. Tant que les stocks de radios argentiques seront suffisants, la collecte pourra donc continuer. Mais lorsque le numérique sera devenu majoritaire, il faudra trouver d'autres sources de financement.