Depuis peu, la Bourgogne connaît avec une certaine précision les quantités de matières qui entrent sur son territoire : combien sont recyclées, rejetées dans le milieu ou ren-voyées après transformation, et leur nature, qu'elle soit fossile, minérale ou agricole…
Son agence pour l'environnement, Alterre, financée par l'État, le conseil régional et l'Ademe, est la première en France à éditer à l'échelle régionale la comptabilisation des flux « réels », en somme les importations et exportations physiques. Accompagnée par le professeur Sabine Barles et l'agence-conseil Mydiane, elle a appliqué une méthodologie européenne standardisée d'Eurostat, utilisée par le ministère de l'Écologie. « L'échelon national a fourni des informations régionales sur certains indicateurs, comme les entrées et sorties de marchandises, grâce à la base Sitram notamment. L'interrogation des acteurs de terrain (collectivités, centres de traitement, opérateurs privés…) a permis d'affiner des données ou d'en ajouter sur les déchets ménagers, l'énergie ou les rejets dans la nature. Nous avons aussi pu nous appuyer sur l'Observatoire des matériaux de la Dreal, sur une étude sur les déchets du BTP de l'Ademe Bourgogne, sur les schémas de gestion des déchets ménagers, etc. », souligne Pascale Repellin, chargée de mission à Alterre Bourgogne.
Portant sur l'année 2010, les résultats montrent le chemin à parcourir vers l'économie circulaire et la non-déperdition. Sur les 33 tonnes de matières nécessaires chaque année à la vie quotidienne d'un Bourguignon, 49 % viennent de l'extérieur et 60 % se composent de ressources non renouvelables : minéraux pour la construction, combustibles fossiles…
Quant à leur devenir, 32 % sont rejetés dans la nature, essentiellement sous forme de gaz, et 9 % seulement sont recyclés. « Le recyclage n'apporte qu'une partie de la solution, de même que notre étude rappelle qu'énergies et ressources renouvelables ne sont pas inépuisables. La priorité doit aller à une réduction à la source parfaitement compatible avec le maintien du bien-être : le discours bien compris par le public sur les économies d'énergie doit se transposer aux matières », estime Jean-Patrick Masson, président d'Alterre Bourgogne. L'étude souligne la consommation de terres et matériaux par la périurbanisation, le gaspillage alimentaire (l'équivalent d'un repas sur trois dans certains collèges de la région) et autres comportements dommageables. Elle a débouché sur la publication d'un guide national disponible sur le site du ministère de l'Écologie.