Dans le département du Nord, la consigne est sur le point de ressusciter grâce à l'initiative du Siaved, le syndicat interarrondissement pour la valorisation et l'élimination des déchets, via le programme de prévention des déchets Boreal qui réunit treize collectivités territoriales. Les premières machines de collecte des emballages usagés sont installées sur les parkings et attendent les premières bouteilles.
Avant de lancer son projet, ce grand territoire (219 communes et plus de 570 000 habitants dans le Hainaut-Ostrevent-Cambrésis) a missionné un bureau d'études pour une étude de faisabilité et interroger ses administrés. À 73 %, les 18-60 ans se disaient prêts, en 2011, à rapporter leurs emballages en verre consignés sur le lieu d'achat. L'étude, réalisée par Per4mances en 2012, a validé techniquement et économiquement le projet. Elle a également permis de poser quelques chiffres : les bouteilles en verre représentent 53 % du poids des emballages du territoire et 14 % des ordures ménagères et assimilés (soit près de 30 000 t par an). Le coût de collecte et de traitement à la charge de la collectivité s'élève à 130 euros la tonne (soit 6 centimes par bouteille). Et une analyse du cycle de vie montre que l'impact environnemental d'une bouteille consignée est 1,5 à 5 fois inférieur à celui du verre à usage unique. Si le potentiel est de 50 kg de verre/an/hab., l'objectif affiché de la consigne demeure modeste : détourner 2 kg/an/hab. d'ici à la fin de 2015, soit cinq bouteilles.
Reste que sur le terrain, le projet rencontre des réticences, notamment de la grande distribution, qui redoute la lourdeur de la gestion du dispositif et le manque de place pour stocker les bouteilles. En revanche, les brasseurs locaux se montrent intéressés pour récupérer leurs bouteilles. Le projet évolue donc d'une consigne vers un système de rachat des bouteilles, géré à l'extérieur des magasins. Deux kiosques de rachat ont été installés sur des parkings au cours du premier semestre. La machine reconnaît les bouteilles des brasseurs partenaires, le verre perdu et les autres emballages grâce au code à barres, mais aussi à leurs formes et poids. Les trois flux sont séparés et stockés, et la machine émet un bon d'achat pour chaque emballage rapporté. Le verre consigné est collecté par la brasserie Bedague, située dans le Nord-Pas-de-Calais, dans le cadre de ses tournées de logistique inverse, puis redistribué aux brasseurs partenaires pour réutilisation. La boucle est bouclée : en tout cas, en attendant l'opportunité d'instaurer une vraie consigne, le rachat des emballages soutient la filière de réutilisation existante. l