Serge Bardy, député de Maine-et-Loire, a remis son rapport France, terre d'avenir de l'industrie papetière au Premier ministre. Au cours de la présentation publique, qui s'est déroulée le 10 septembre à l'Assemblée nationale en présence de Claude Bartolone, président de l'Assemblée, et de Ségolène Royal, ministre de l'Écologie, l'auteur de cet imposant rapport le confirme : « oui, le papier a de l'avenir », pour peu cependant de changer de paradigme. Son équipe et lui-même ont opéré plus d'une centaine d'auditions en l'espace de quatre mois. L'objectif affiché est de former la boucle de l'économie circulaire. Premier constat, il n'existe pas une filière papier recyclé, ni de fonctionnement d'une filière, la production est une composante de la chaîne de valeur. La segmentation des acteurs, souligne le rapport, « nuit au renforcement de leurs pratiques collaboratives et à l'émergence de stratégies partagées pour ce qui concerne le développement des activités liées à la cellulose ». Les auteurs font état de « points de friction » avec un fonctionnement très cloisonné de la chaîne depuis le bois d'éclaircie, la collecte des papiers usagés, le tri et autres opérations jusqu'à la consommation. Ils notent par ailleurs le manque de visibilité et de régulation du marché des papiers usagés « qui aggravent les difficultés des papeteries » en les empêchant de réaliser les investissements nécessaires au développement de leur activité. Il semble que l'équipe qui a travaillé sur le rapport a été influencée par l'industrie papetière. « Si l'on s'intéresse à l'industrie papetière, il est certain que l'exportation de fibres à recycler vers la Chine et l'Asie du Sud-Est, fibres qui échappent à l'industrie française, ne fait que rendre plus difficile la compétitivité de ces industries face aux concurrents de ces pays lointains. »
Ce sont 34 chantiers à entreprendre, dont l'enjeu est de remettre sur pied une industrie papetière qui fonctionne en relation étroite avec les différentes composantes qui l'entourent. L'innovation et la réflexion sur les autres usages des papiers recyclés sont inscrites parmi les priorités. Le rapport propose la création d'un comité de filière cellulose susceptible d'amorcer des discussions pour un projet collectif, à l'instar de la table ronde organisée en 2013 par le ministère du Redressement productif dans le cadre de la filière aluminium. « Il nous faut absolument un chargé de mission national », insiste Serge Bardy. Ce poste devrait favoriser la suite donnée à la mission interministérielle.