Le projet était suffisamment concluant pour engager un programme à grande échelle. Financé avec l'aide de la Caisse des dépôts et du japonais Marubeni, le remplacement en 2013 de l'ancienne chaudière au fioul du centre de production de terres rares de Solvay, à La Rochelle (17), va trouver son prolongement dans la constitution d'un fonds destiné à financer les projets d'amélioration énergétique des sites industriels français. Baptisé 5 E pour efficacité énergétique et empreinte environnementale des entreprises, il prévoit de mobiliser 600 millions d'euros d'investissements sur cinq ans. Il est soutenu par le programme Usine du futur de la Nouvelle France industrielle porté par le ministère de l'Économie.
« 5 E vise exclusivement des sites industriels ou ac ces soi rement des sites tertiaires dont les pro-cess sont fortement consommateurs d'énergie. Il s'agit donc de financer des utilités industrielles : chaudières, systèmes de cogénération, récupération de chaleur, valorisation thermique des déchets… », explique Hervé Allègre, directeur des investissements de CDC Climat.
L'établissement public apportera 100 millions d'euros en deux temps. CDC Infra ajoutera 33 millions, par l'intermédiaire de la structure EEco créée avec Solvay et Marubeni pour l'usine de La Rochelle. D'autres investisseurs (assureurs, fonds…) devraient aussi y contribuer. Une dizaine de partenariats, avec des sociétés techniques ou industrielles, a également été nouée.
5 E vise des projets de 2 à 50 millions d'euros, en France ou exploités en Europe par des groupes français, permettant de réduire d'au moins 20 % les émissions de gaz à effet de serre ou la consommation d'énergie et reposant sur des technologies éprouvées. Quelque 800 sites susceptibles de répondre à ces critères ont été identifiés. Mais la rentabilité doit aussi être financière, insiste Hervé Allégre : « La rentabilité visée de 5 E est d'environ 10 %, un objectif prudent et raisonnable par rapport à celle de fonds d'infrastructures classiques. De même, afin d'impliquer au mieux les investisseurs, 5 E a pour objectif de financer plus en fonds propres et moins par de la dette que ce qui se pratique habituellement dans les financements de projets. »
La nouvelle chaufferie de Solvay à La Rochelle est opérationnelle depuis le 1er novembre 2013. En plus de répondre aux besoins de vapeur de l'usine, elle produit de l'électricité cédée à EDF pendant la période hivernale. Le contrat présente des prix de vente avantageux si l'installation respecte des critères d'efficacité énergétique contraignants, explique Solvay, ce qui assure la rentabilité de l'investissement.
Ce mécanisme permet aux industriels de se lancer dans des investissements en mobilisant un minimum de fonds propres. La structure est incitative. Les retours financiers de ces projets environnementaux sont souvent plus longs que des investissements portant directement sur le procédé industriel. « La CDC n'a pas d'ambition de parts de marché et souhaite montrer le chemin », indique Hervé Allègre. l