Il n'y a pas un mais plusieurs types d'abrasifs. Ces matériaux sont des minéraux utilisés pour le polissage mécano-chimique, composés de métaux (acier, aluminium), de sable, de verre, ou de résines. Bien que très durs, ils subissent aussi l'usure et surtout l'encrassage (lubrifiants, résines, peinture) qui altèrent la qualité d'un polissage. Leur durée de vie ne dépasse pas en moyenne un an. Le Cetim, dans son étude sur la valorisation des meules usagées, estime le gisement annuel en France à 10 000 tonnes. À l'échelle européenne, les abrasifs restent encore peu valorisés, souvent éliminés en enfouissement. Pourtant, les risques de pollution des sols liés à l'enfouissement de certains flux comme les meules résines (deux tiers du gisement) existent. Seuls quelques pays montrent l'exemple. C'est le cas de l'Allemagne où le recyclage (environ 15 %) et le réemploi des abrasifs sont un peu structurés. Sur la base d'une démarche volontaire, les fournisseurs d'abrasifs proposent à leurs clients un service de reprise de leurs meules usagées. Cette pratique est certifiée par l'organisation allemande des industriels des abrasifs (VDS), qui a édité en 2007 une liste d'entreprises habilitées à les récupérer. En Autriche et en Suède, des opérations de reprise sont mises en place avec pour ce dernier pays, la récupération à plus de 80 % de l'acier.
Dispersion des gisements
Au regard de ces expériences, les industriels de la commission Roulements du Cetim se sont penchés sur les filières alternatives et ont identifié les verrous et propositions d'actions. Premier constat : les solutions en boucle fermée sont très limitées, mais seraient pourtant plus rentables que la boucle ouverte qui recycle ces abrasifs dans des applications de moindre valeur. Parmi les freins : la dispersion et la diversité des gisements, la complexité et le coût élevé des procédés de séparation, sans oublier le coût de transport. De son côté, le Snas (Syndicat national des abrasifs et superabrasifs), qui représente les fabricants de grains et de produits abrasifs, avait réfléchi dès 2010 à la mise en œuvre d'une filière. Il avait retenu la société SRB, spécialiste du traitement de déchets de bois imprégné (poteaux EDF, traverses de chemin de fer) comme acteur possible. Le syndicat se limite à informer les industriels usagers de l'existence de cette entreprise : « Pas question pour le fournisseur d'abrasifs de prendre en charge les déchets générés par ses clients, même s'il faut faire payer un peu plus cher », déclare le vice-président du Snas, Jean-Paul Selleron. « De toute façon, les industriels consommateurs ne l'accepteront pas, tant que la solution la plus facile et la plus économique reste l'enfouissement », ajoute-t-il. Et c'est bien là que le bât blesse. À ce jour, les prix pratiqués pour la mise en décharge ne peuvent être égalés par la valorisation. Et ce n'est pas un hasard si SRB ne reçoit que peu de flux malgré la publicité qui lui est faite. Cette situation ne pourra pas durer très longtemps selon Christian Cornet, chargé de l'étude au Cetim. « Aucun acteur ne veut faire le premier pas, car chacun y trouve son compte, déplore-t-il. Le seul facteur déclencheur d'une nouvelle pratique ne peut venir que de la réglementation. Mais ce jour-là, les producteurs risquent de se retrouver brutalement au pied du mur, en devant se conformer au principe de la REP. »