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RECYCLAGE

Recycler face à l'érosion de la consommation

LA RÉDACTION, LE 20 NOVEMBRE 2014
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Comment gérer la baisse de la consom­ mation des papiers graphiques et maintenir des volumes suffisants à commer­ cialiser ? Augmenter le taux d'incorporation de papier recy­ clé dans la production, sécu­ riser les approvisionnements et les paiements, améliorer le taux de recyclage des papiers ménagers, réduire les coûts. Dans la foulée de l'étude pros­ pective de l'Ademe sur la col­ lecte et le tri des emballages et des papiers dans le service public de gestion des déchets (SPGD) et du rapport du dé­ puté Serge Bardy sur la filière papetière et l'économie cir­ culaire, les acteurs du mar­ ché des papiers affichent un certain optimisme quant aux évolutions possibles. « Sur les trois grands secteurs papetiers, l'emballage et l'hygiène s'en sortent relativement bien avec une croissance de 1 à 2 %, alors que les papiers graphiques affichent une baisse de 5 à 7 % par an », pointe Patrick de Noray, directeur recy­ clage et produits chez Copacel. La production a en effet baissé de 6 % entre 2012 et 2013 (­ 13 % pour les papiers de presse) et de 34 % en dix ans (­ 4,1 % de variation annuelle depuis 2003). Tendance baissière Sur le marché de la récupéra­ tion, la situation n'était pas si mauvaise après l'été. Mais les professionnels s'attendent à une fin d'année plus difficile, constatant déjà une légère baisse des volumes entrants. « Après un mois de septembre meilleur que prévu, octobre a été un peu en retrait par rapport à 2013, constate le directeur commercial de Schroll, Hugues Bapst. L'activité industrielle est sur une tendance baissière depuis le début de l'année. Du côté des collectes sélectives, on a aussi moins de papiers graphiques mais les volumes sont plus ou moins compensés par les cartons d'emballage. » Même son de cloche chez Paprec : « Novembre est difficile, et on devrait avoir des stocks en décembre compte tenu des réductions annoncées de production graphique dans les prochains mois chez UPM, Stora ou Holmen, tant sur des machines feuilles qu'en roto », détaille Antonio Monteiro, di­ recteur des ventes de ma­ tières recyclées chez Paprec (FCR). « Les papeteries ont des besoins réels, mais il est vrai que le désencrage subit un retournement de marché, depuis deux mois, lié à la situation de Golbey et la restructuration d'UPM », affirme Joël Maguin, directeur commercial de la Compagnie des Matières premières (CMP). Par ailleurs, il est logique que les produits de recyclage is­ sus de la consommation des ménages et de la production industrielle qui leur est des­ tinée soient touchés par la perte de pouvoir d'achat et la baisse de consommation de papiers. « On ne récupère pas ce qu'on ne consomme pas ! » tranche Joël Maguin. Les récupérateurs sont d'ac­ cord : les prix de vente des matières sont plutôt bons au début du dernier trimestre. « Avec des prix de départ à 9095 euros la tonne sur du 1.11 et du 1.10, on ne peut pas se plaindre, affirme Joël Maguin, idem pour le brun à 90 euros la tonne. » En revanche, le mar­ ché ne devrait pas être tiré à la hausse en fin d'année. « Le marché allemand est baissier en novembre, alors que le grand export est stable, voire un peu baissier aussi, avant le nouvel an chinois et le renouvel lement des licences, explique Hugues Bapst. La France suit les tendances, les prix ont baissé au sud, en octobre, sous l'influence du marché espagnol, l'autre moitié est restée stable derrière le marché allemand. » Marché de proximité Dans le désencrage haut de gamme, écrits couleurs, Afnor 7, rognures, les pape­ tiers allemands restent très présents avec des prix supé­ rieurs de 10 à 15 euros aux usines françaises, incapables de lutter en ce moment, es­ time Joël Maguin. L'Espagne était également très deman­ deuse en désencrage à la fin de l'été, avec des prix presque concurrentiels par rapport à l'Allemagne. « Mais des papetiers comme Holmen, Papresa et Stora Enso semblent avoir levé le pied sur leurs approvisionnements, mi-octobre, suivant ainsi la tendance allemande », note Joël Maguin. Malgré des demandes sou­ t e n u e s en p r ov e n a n c e d'Espagne et d'Allemagne, la France continue de recy­ cler la majeure partie de ses volumes sur son terri­ toire. Sur les tonnes qu'il soutient, Ecofolio avance le chiffre de 72 % des volumes recyclés en France. « 73 % des tonnages de papiers récupérés par les collectivités sont recyclés à moins de 500 km du lieu de collecte et 94 % à moins de 1 000 km », ajoute Jean-François Robert, responsable des activités et relations industrielles chez Ecofolio. Implantée dans l'est de la France, une entre­ prise comme Schroll bénéfi­ cie d'un marché de proximité très dense sur un rayon de 200 km : « Avec DS Smith, Smurfit Kappa, Blue Paper, Stora Enso, Palm ou Norske Skog en Alsace, Lorraine et Allemagne, nos ventes locales et européennes approchent les 100 %, le grand export n'a pas d'intérêt dans notre cas », confirme Hugues Bapst. D'autres récupérateurs et négociants se tournent plus volontiers vers l'Asie, comme Paprec (20 % de ses ventes annuelles en moyenne), des exportations qui concernent essentiellement les basses sortes. Chine et Indonésie consomment surtout du carton et des fibres brunes, alors que la Corée du Sud et l'Inde im­ portent des moyennes sortes graphiques. Cependant, le grand export semble un peu en deçà de ce qu'il devrait être au second semestre. « On espérait un redémarrage après l'été pour dynamiser l'activité mais, tant en Chine qu'en Indonésie, on n'a pas constaté de réelle croissance des importations depuis septembre, remarque Joël Maguin. Les grands acteurs de l'export chinois, comme Mark Lyndon Lee&Man ou ACN, sont toujours en retrait en novembre. » « Avec l'approche du nouvel an chinois et le renouvellement des licences basé sur les tonnes importées l'année précédente, on peut s'attendre à une meilleure activité en fin d'année », espère Antonio Monteiro. Mais pour Joël Maguin, la question des licences n'explique pas tout : « Les Chinois en jouent un peu avec les Européens, il faut bien constater que la croissance chinoise est tombée en quatre-cinq ans de 12 à 7 % l'an, ça draine moins de volume de matières recyclées vers le pays. » De plus l'industrialisa­ tion chinoise s'accompagne d'une meilleure organisation de la récupération. En France, la baisse de la consommation de papiers gra­ phiques doit être compensée par la croissance du taux de recyclage, donc une meilleure captation des volumes per­ dus et éliminés. Pour Ecofolio, chargé de la filière de recyclage des papiers ménagers et assi­ milés, qui affiche un taux de recyclage de 49 % en 2013 (pour un objectif de 55 % à la fin de son agrément en 2016), les réserves permettant d'ali­ menter les filières de recyclage se trouvent d'abord dans les ordures ménagères résiduelles (OMR) et les papiers de bureau des entreprises collectés par le service public. Schémas tri-flux Au­delà des mesures clas­ siques de communication pour inciter les habitants à trier (1 million d'euros de soutien aux collectivités locales pour la mise à jour des consignes de tri) et un soutien majoré pour le recyclage (80 euros la tonne, 76 % des soutiens versés), se pose la question de l'adapta­ tion des schémas de collecte et de la performance. « Le déve lop pement des performances de collecte sélective, qui s'est accompagné d'une quasi-généralisation des schémas bi-flux, tend à plafonner, pointe Jean­François Robert. C'est peut-être le moment de se reposer la question des schémas organisationnels, comme le soulignent le rapport Bardy et l'étude prospective de l'Ademe : quel niveau de service adopter pour recycler plus sans faire exploser les coûts ? » Et Ecofolio de plaider pour une croissance des schémas tri­ flux (papiers/emballages ou fibreux/non­fibreux) et des col­ lectes en apport volontaire quand elles se justifient. « Ce qui coûte cher dans la gestion des déchets, c'est la substitution à l'effort de l'usager », rappelle Jean­François Robert. Dans le cas des papiers gra­ phiques, on lui demande un mélange des papiers et des emballages, alors qu'ils ne sont pas au même endroit dans un foyer, et la première opération du centre de tri consiste à séparer les corps creux des corps plats. Si on prend deux extrêmes, une col­ lecte en apport volontaire tri­ flux coûte 100 euros la tonne pour les papiers contre 400 eu­ ros la tonne pour le porte­à­ porte en multimatériaux. Ecofolio dénonce, dans le même temps, les réserves sur le risque de chute des performances avec une col­ lecte tri­flux et plus encore en apport volontaire. Citant le cas de l'Espagne et sa collecte massivement orien­ tée vers l'apport volontaire (88 %), sans REP, dont les per­ formances sont meilleures que les nôtres tant du point de vue du taux de collecte (65 %) que du coût de gestion. Même constat du côté des pa­ petiers : « En France, les metteurs en marché paient cher à Ecofolio, 50 euros la tonne, pour une collecte moyenne, notamment à cause du système complexe de collecte et de tri en mélange et en porte-à-porte. Le système espagnol est plus efficace même s'il nécessite beaucoup de bornes d'apport volontaire », note Patrick de Noray. La faute aussi, regrettent les papetiers, à notre REP qui exonère un tiers des metteurs en marché (collectivités, administrations, presse magazine). La question d'une évolution des modes de collecte pour les papiers se heurte néanmoins à des surcoûts de déploiement. Et ce ne sont pas les 5 millions d'euros de la dotation pour le changement proposés par Ecofolio aux collectivités qui les inciteront à revoir leur orga­ nisation. « Au-delà des aspects techniques et économiques, le nœud du problème réside dans un conflit entre éco-organismes sur des produits qui peuvent rentrer dans plusieurs cases », résume Joël Maguin. Avant de remettre en cause les schémas majoritaires de la collecte sélective, la ques­ tion d'une meilleure extraction des papiers graphiques du flux de fibreux se pose. Encore plus sur les sortes bureau­ tiques, « dont les papetiers français sont très friands », rappelle Patrick de Noray, et pour lesquelles les récupéra­ teurs sont très sollicités. « On aurait 1 000 à 2000 tonnes de plus, on les vendrait sans problème », confirme Antonio Monteiro. « La réflexion à avoir sur la captation du gisement trié de belles sortes est légitime, mais elle reste difficile à mettre en place, avertit Hugues Bapst. Mieux trier les collectes sélectives pour sortir les papiers de bureau nécessite une adaptation des chaînes de tri et des investissements, mais avec quelle rentabilité ? » Gisements diffus Sur les déchets assimilés, des progrès pourraient être faits, estime Ecofolio : « 60 % des papiers de bureau sont collectés par le service public, 40 % en B to B par Paprec, Sita, Veolia, l'ESS ou la Poste via Recy'go, mais dans le service public les trois quarts des papiers, soit 450 000 à 500 000 tonnes, finissent dans les OM, contre seulement 100 000 à 150 000 tonnes dans les collectes sélectives. » Capter des gisements diffus pose encore une fois la ques­ tion de l'intérêt économique, d'autant que les consomma­ tions de papier des entreprises sont régulièrement en baisse. Sur le flux B to B, « les gros producteurs d'archives sont déjà traités, à la Défense par exemple, le risque pour les volumes supplémentaires est un prix de traitement prohibitif », avertit Antonio Monteiro. Selon Ecofolio, 55 % du gi­ sement des papiers de bu­ reau provient d'entreprises de moins de 10 salariés. Le système Recy'go proposé par la Poste aux entreprises pour la collecte de leurs pa­ piers de bureau en logistique inversée peine à décoller : 13 000 tonnes ont été recy­ clées entre septembre 2012 et le printemps 2014. Sur les trois grands hubs de la Poste, seul Gennevilliers est équipé d'une presse à balles, Lyon et Tours devraient l'être d'ici à 2015. « Des contrats-types entre la Poste et chaque papetier partenaire sont en cours d'élaboration », précise Patrick de Noray. Recy'go veut collec­ ter 50 000 tonnes en 2018. En 2011, dans son rapport Les Collectivités territoriales et la gestion des DMA (sep­ tembre 2011), la Cour des comptes rappelait la nécessité de « clarifier et harmoniser le champ des compétences des communes ou de leurs organismes de regroupement compétents en matière de déchets assimilés ». « Une meilleure définition des seuils permettrait aux entreprises de savoir avec précision si elles sont éligibles ou non au service public et aux collectivités comme aux opérateurs privés de se concentrer sur leur périmètre de compétence », souligne Jean-François Robert. Pour les entreprises éligibles, Ecofolio prône un accès aux collectes sélectives avec un tri aval des papiers de bureau : les résultats d'une expérimen­ tation menée avec Pellenc St et le centre de tri de Semardel (Essonne) seront présentés à Pollutec, début décembre. Nul ne peut dire quand s'arrê­ tera la baisse de la consom­ mation de papiers graphiques. Sur la défensive, les acteurs de la filière misent à court terme sur une progression du taux de recyclage pour assu­ rer la stabilité du gisement. À plus long terme, des évolu­ tions plus profondes, et cer­ tainement plus complexes, seront nécessaires.


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