Le 9 octobre dernier, Paul Soubaya inaugurait son unité industrielle de recyclage des déchets électriques et électroniques (DEEE) à Saint-André, sur l'île de la Réunion, un investissement de 4,5 millions d'euros, dont 1,1 million de subventions. Un abou tissement pour cet informaticien de formation qui, il y a encore sept ans, réparait des ordinateurs dans un local de 20 m2 . Dès 2007, date du lancement de la filière de REP des DEEE sur l'île, Paul Soubaya contractualise avec Eco-systèmes . À partir de 2010, les flux augmentent considérablement : + 96 % entre 2010 et 2014 ! Si le procédé de démantèlement reste manuel, Réunion Valorisation Environnement (RVE) s'industrialise petit à petit avec l'acquisition d'un broyeur pour les plastiques et les câbles, d'une presse pour les métaux non ferreux et d'une installation de dépollution pour les tubes cathodiques. Mais les équipements renfermant des fluides frigorigènes ne sont pas traités sur place, car il manque les machines pour extraire les produits dangereux. « Chaque année, 1 350 tonnes de réfrigérateurs, congélateurs et autres unités de climatisation partaient dans 270 conteneurs. Direction la métropole, où ils étaient traités dans l'Oise », rappelle Christian Brabant, directeur général d'Eco-systèmes . Soit entre 27 000 et 30 000 unités chaque année, à raison de 130 euros l'unité… Avec la nouvelle usine, tous les flux de DEEE sont désormais traités localement. « C'est la seule usine de France qui traite trois flux de déchets électroniques, et c'est la condition de sa rentabilité », note Richard Toffolet, directeur technique d'Eco-systèmes. « Le flux de collecte a atteint la masse critique nécessaire à la création d'une unité de valorisation locale », observe Adeline Pillet, chargée du suivi de la filière au service filière REP et recyclage de l'Ademe. Les matières recyclées sont vendues en Inde, et les fluides frigorigènes envoyés en métropole pour destruction. Le taux de valorisation global atteint 80 %. Mais le véritable défi pour RVE sera d'exploiter le potentiel régional de son outil. « Cette unité est la première de l'océan Indien », explique Paul Soubaya. Si elle a traité les 5 400 tonnes collectées à la Réunion en 2013 (soit 6,4 kg/ an/habitant), sa capacité est de 8 000 à 10 000 t/an. Mayotte, située à 1 400 km, qui démarre le ramassage des DEEE, a déjà envoyé ses premiers conteneurs. Le tout nouveau département d'outremer a récolté 50 tonnes en 2014, et vise le double en 2015. Des discussions sont en cours avec l'île Maurice pour recevoir le gros électroménager froid. Pour surmonter les difficultés liées au transport transfrontalier de déchets, le préfet de la Réunion a autorisé RVE à traiter tous les DEEE produits dans l'océan Indien.