de tri des consommateurs et du manque d'implication de certaines collectivités dans la collecte. de tri des consommateurs et du manque d'implication de certaines collectivités dans la collecte.
Pyrex, pots de fleurs, canettes
Plats en Pyrex, flûtes à champagne, vaisselle cassée, inserts de cheminée, plaques vitrocéramiques, pots de fleurs, canettes ou bouteilles PET polluent encore les conteneurs d'apport volontaire et la collecte en porte-à-porte, plus de quarante ans après la naissance de la filière.
Cela a des conséquences directes pour les traiteurs de verre, tenus d'investir pour épurer les flux et livrer aux verriers un calcin de qualité. Ces derniers restent, faut-il le rappeler, propriétaires de la matière, la garantie de reprise pilotée par Verre Avenir affichant un taux de contractualisation de 100 %. Le traitement pour produire du calcin à destination des fours de verre coloré engendre des coûts légèrements supérieurs à 20, 22 euros la tonne. En 2015, le prix de reprise du verre trié pour les collectivités est de 23,17 euros la tonne, contre 22,45 euros en 2014 (+ 3,2 %).
« Les exigences des verriers sur leur matière première sont logiques. Ils produisent aujourd'hui des verres plus fins, plus techniques, et nous ne sommes plus à une époque où ils enfournaient 30 ou 40 % de calcin, rappelle Gérard Briane, PDG de Briane Environnement. Certains fours absorbent plus de 90 % de calcin, on ne peut pas se permettre de livrer des matières dégradées. » Le calcin français couvre désormais plus de 60 % des besoins en matière entrante. « Les Français trient mal, c'est un fait », se désole Hervé Phélip, PDG de Prover, filiale du verrier Owens-Illinois (son client exclusif) installée à Wingles (Pas-de-Calais) et approvisionnée majoritairement en porte-à-porte. « La qualité du gisement s'est dégradée », confirme Nelly Istoczak, responsable marketing et communication chez Sibelco Green Solutions. « Le tri s'effectue de moins en moins bien dans les points d'apport volontaire. » « On constate aussi des différences notables de qualité selon les régions », note Pierre Lassarade, responsable commercial Europe du Sud chez Ipaq (filiale du groupe Maltha), approvisionnée principalement en apport volontaire depuis le Sud-Ouest (93 % dans cette région), mais qui reçoit aussi des camions du Nord-Ouest en provenance de Bretagne, de Maine, ou de Normandie.
Infusibles en hausse
Ennemis des recycleurs et des verriers, les vitrocéramiques et les infusibles perturbent le process verrier. Ils ne diminuent pas dans les gisements ménagers et ont même tendance à augmenter, constatent de façon unanime les producteurs de calcin, contraints de s'équiper en machines de tri optique toujours plus performantes pour les traquer. « Une des nouvelles problématiques est la parfaite transparence des nouvelles vitrocéramiques. Autrefois, elles avaient une couleur un peu jaunâtre et étaient plus faciles à repérer, explique Gérard Briane. Il faut donc faire évoluer le process de tri, mais ça veut dire de nouvelles trieuses qui vont de l'UV à l'infrarouge. » Même constat chez Solover : « Notre site de Chalon-sur-Saône est équipé pour trier les vitrocéramiques, quelle que soit la couleur du verre, souligne son PDG, Yves Vial. Le site de Saint-Romain-le-Puy est équipé pour traiter le flux de verre blanc. » La nouvelle unité de traitement d'Ipaq, sur le site d'Izon (capacité de 300 000 tonnes), rénovée en 2013 pour plus de 10 millions d'euros, est dotée de douze machines de tri optique (contre quatre auparavant), destinées en particulier à limiter le taux d'infusibles, qui est aujourd'hui nettement inférieur aux PTM. Idem chez Prover, qui a bénéficié fin 2013 des investissements engagés par O-I sur l'ensemble du site de Wingles (10 millions d'euros) pour obtenir une deuxième étape de tri optique des vitrocéramiques. La prochaine étape pour les traiteurs, à la demande de l'industrie verrière, est de baisser le taux de plomb présent dans le calcin (dû aux verres en cristal). Le recyclage du verre a tendance à accroître le taux de plomb dans le verre d'emballage sur le long terme. Et certains marchés d'export, en premier lieu les États-Unis, plus friands de vins français et de spiritueux que de recyclage (33 % pour le verre), pourraient exiger des Européens des concentrations inférieures à celles tolérées sur le Vieux Continent. « La teneur en plomb est sans doute le grand sujet des prochaines discussions avec les verriers, car certains pays n'acceptent aucune teneur en plomb », pointe Pierre Lassarade. D'où l'importance pour les verriers de travailler sur l'extraction du cristal. À l'heure actuelle, seul le recycleur indépendant Louis Vial travaille avec une machine de tri des verres à l'oxyde de plomb. « Si tout le monde joue le jeu, les taux de cristal diminueront, mais le problème est qu'à force de multiplier les machines de tri, les pertes de matières pendant le process risquent d'augmenter », estime Yves Vial, chez Solover. En Allemagne, les traiteurs de verre ont déjà pris de l'avance en matière d'équipements de tri du plomb.
Étiquettes RFID
En ce qui concerne le traitement, tous les opérateurs ne rencontrent pas les mêmes problèmes. Certains évoquent les pertes générées par les étiquettes hautement adhésives sur certaines bouteilles de bière. Des actions ont été menées ces deux dernières années par le Cyclem (Federec Verre), la chambre syndicale des verreries mécaniques et les fabricants de bière utilisant ce type d'étiquettes. « De nouveaux modèles d'étiquettes devraient prochainement pallier ce problème, mais d'autres marques de la grande distribution commencent aussi à les utiliser », note Gérard Briane. D'autres professionnels, comme Prover, qui s'appuie sur un processus de lavage, ou Ipaq, moins confronté à ce type d'adhésifs dans le Sud-Ouest, peu consommateur de bières, rencontrent moins ce problème. Autre difficulté, encore peu répandue, les étiquettes RFID contiennent du silicium, ce qui perturbe les fours verriers. Elles ne sont utilisées que par certaines marques pour des produits haut de gamme, mais, coincées entre l'étiquette et le verre, elles sont difficiles à extraire. On peut également évoquer les bagues en aluminium qui échappent parfois aux courants de Foucault.
La question des fines diffère aussi selon les traiteurs. Depuis la mise en service de sa nouvelle usine à Izon, Ipaq exploite un procédé de fabrication de poudre de verre qui digère ses fines de verre. « On en produit régulièrement et les retours sont positifs en matière de qualité tant sur le taux d'humidité que sur la perte au feu », détaille Pierre Lassarade. Ipaq reçoit aussi des demandes pour produire de la poudre encore plus fine à destination de marchés de niche (peinture, béton), ce qui nécessiterait des investissements supplémentaires. Le secteur du BTP n'étant pas en grande forme en 2014-2015, le groupe se contente pour le moment de son produit. De son côté, Prover, très exposé aux fines de verre en raison de ses approvisionnements en porte-à-porte, livre à O-I ses fines de broyage et de tamisage, à petites doses, à partir d'une aire de stockage, dans le four de Wingles, « à l'exception des fines de lavage, précise Hervé Phélip, mais elles sont beaucoup moins nombreuses ». Chez Sibelco Green Solutions, « certains de [nos] process nous permettent de traiter le verre jusqu'à 1 mm avec l'objectif de récupérer un maximum de verre dans le gisement brut. Nous avons divers débouchés dans la bouteille ou l'isolation », précise Nelly Istoczak.
Rentabiliser les investissements
Présenté depuis le début des années 2000 comme l'une des solutions à l'optimisation de la filière verre, le démélange ne produit pas les tonnages attendus, même si la croissance de la demande est réelle. Nombre d'installations ne tournent pas ou peu, faute de volumes.
C'est notamment le cas pour le premier traiteur équipé en 2002, Solover, sur son site de Chalon-sur-Saône : « Notre principal client fait de la bouteille teintée feuille morte et demande de ne pas enlever le verre blanc », indique Yves Vial. Cependant, le second site de Solover opère un démélange sur ses 70 000 tonnes. Ipaq s'est équipé plus récemment, en 2013, mais « la production de calcin blanc demeure marginale, reconnaît Pierre Lassarade. On en sort 5 à 10 % si on décide de l'extraire à partir d'un flux en mélange. Il y a toujours un peu de perte pendant le process, notamment à l'éjection des vitrocéramiques, malgré le réglage adéquat des machines. » Il faut dire que la part de verre blanc dans les gisements de verre ménager varie de 15 à 20 %, et qu'il faut trouver un bon équilibre économique pour le traiter correctement. « On travaille généralement le verre blanc sur les grosses densités, à plus de 15 mm de granulométrie, car la consommation d'énergie et d'air comprimé pour extraire le blanc sur des granulométries plus fines coûte cher », explique Gérard
Briane, qui a dû s'équiper de deux compres seurs de 150 kW pour traiter le verre blanc, contre un compresseur de 90 kW auparavant. « Les coûts de traitement supplémentaires dus au démélange atteignent 4 euros la tonne », estime Pierre Lassarade. Là encore, ce sont les volumes qui permettent de rentabiliser tel ou tel investissement. Il y a une demande de calcin blanc chez les verriers pour faire du verre transparent de deuxième catégorie, pas de l'extrablanc, ou des teintes bleutées ou vert léger, sur des marchés de niche. Le calcin blanc permet aussi de soulager les fours de verre vert, dont certains risquent la saturation, voire, pour les fours de verre transparent, d'obtenir des crédits carbone.
Des craintes pour 2015
« Il ne reste plus que trois indépendants sur le marché du traitement du verre ménager, conséquence d'une volonté de regroupement de la part des verriers, mais aussi de mauvaises gestions d'entreprises de la part des opérateurs, et de la fermeture de fours verriers depuis quarante ans », rappelle Yves Vial. Comme pour la plupart des matières secondaires, la logique du traitement du verre va vers une massification des volumes sur des sites bien équipés. « Il n'y a pas de reproches à faire aux verriers, c'est le contexte du marché du verre d'emballage qui crée cette situation. Si on doit disparaître, on disparaîtra », résume, fataliste, le PDG de Solover, dont les sites sont loin de tourner à plein rendement. « La nouvelle usine d'Ipaq a récupéré une partie des volumes que nous traitions pour trois usines », ajoute-t-il. Au-delà des plans de commu ni cation et des efforts de chacun pour stimuler la collecte, aller chercher des volumes supplémentaires apparaît compliqué, y compris sur des gisements hors ménager. Le potentiel du verre creux industriel ? « Hormis les chutes de centres d'embouteillage et des déstockages massifs dans des caves, on n'aura jamais des volumes importants », avance Pierre Lassarade. Confronté à une production verrière en baisse, le secteur du trai tement du verre ménager est bien entré dans une phase d'optimisation. Et 2015 pourrait être une année difficile : « Les verriers ont consommé leurs stocks de calcin en 2014, et les fours se sont habitués à absorber de fortes proportions. Je ne suis donc pas certain que nous aurons les volumes suffisants », craint Gérard Briane. Le défiest de taille pour la filière verrière, même si, il faut le rappeler, le calcin français conserve une qualité fort appréciée. Guillaume Arvault