Les résines ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Les plastiques, bien que multiples, peuvent se résumer en termes de volumes et de caractérisation à cinq grades : PP, PS, PET, Pehd et Pebd. Pour simplifier le travail, l'étude s'est concentrée sur ces résines et les marchés qui vont avec : emballages, films, VHU et DEEE. Premiers chiffres : sur les 3,5 millions de tonnes de plastiques postconsommation, seules 500 000 tonnes sont recyclées en France, tandis que 1,3 million de tonnes partent en valorisation énergétique et l'équivalent en décharge. Restent environ 500 000 tonnes qui soit sont exportées, soit finissent en mélange avec d'autres matières comme les RBA, non recyclés. Autre constat, les installations destinées aux plastiques présentent de faibles quantités (entre 20 000 et 40 000 t/ an) sans doute liées, selon Deloitte, aux quantités collectées encore trop faibles. Les organisations comme Elipso ou l'éco-organisme Eco-Emballages en conviennent. Depuis vingt ans, la collecte des plastiques ménagers stagne à une bouteille sur deux. Sur un gisement de deux millions de tonnes d'emballages, la part du ménager est de 50 %. Si l'on connaît mal les volumes traités dans l'emballage industriel, reconnaît Francis Pascal (Elipso) – cela mériterait qu'on s'y penche –, on sait en revanche que seulement 23 % des emballages ménagers sont recyclés. Le reste part en valorisation énergétique ou bien en décharge. Pourquoi une telle perte ? Au-delà d'une communication mal adaptée, l'emploi limité ou irrégulier de matière recyclée par les industriels peut être un frein.
Un contrat d'expérimentation
Dans cette quête à plus de recyclage, l'étude se penche également sur d'autres fac-teurs comme les fluctuations des prix des résines vierges et du pétrole. Entraînant inexorablement une décote sur le prix de la matière recyclée, même à qualité égale, insiste Jean Philippe Carpentier, président de Federec : « Notre activité reste dépendante des matières vierges. Lorsque les prix montent, personne ne dit rien, mais si nos prix et nos marges baissent, comme c'est le cas aujourd'hui à cause du pétrole et d'une demande insuffisante, on risque de s'éloigner de l'économie circulaire et de reprendre le chemin, malgré nous, d'une économie linéaire. » L'étude Deloitte propose trois axes d'actions : améliorer la captation et l'orientation vers le recyclage, en s'attaquant à la mise en décharge, à la modernisation des centres de tri et aux exportations illégales ; stimuler l'offre et la demande en incitant les grands donneurs d'ordres à contractualiser sur le long terme, en développant la commande publique et des outils fiscaux incitatifs ; optimiser le fonctionnement de la filière en instaurant plus de traçabilité et en enrichissant les plateformes d'indices de prix existants. Celles-ci pourraient être supervisées par l'autorité de la statistique publique qui organise la production de références en s'appuyant sur des partenaires privés. L'urgence étant de capter plus de déchets plastiques, l'étude propose en conclusion de créer un contrat d'expérimentation pour que, d'ici à cinq ans, les recycleurs traitent 300 000 tonnes supplémentaires (l'équivalent des déchets détournés des centres de stockage d'ici à 2020) avec la création de 2 000 emplois à la clé ; ce contrat devra être passé entre toutes les parties prenantes (les industriels, les collectivités et l'État).