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Associer méthanisation et compostage

LA RÉDACTION, LE 1er JUIN 2015
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Les industriels, la grande distribution et la restauration sont contraints par la réglementation (arrêté du 12 juillet 2011) de trier à la source leurs biodéchets s'ils en produisent en grande quantité. Transformés en compost, ces déchets organiques retournent au sol. Ils servent à enrichir les terres agricoles appauvries par les cultures intensives et les engrais chimiques. Si ce compostage passe par une méthanisation, cette valorisation organique produit en plus du biogaz en piégeant le méthane émis par la fermentation. Du biogaz qui donne ensuite de la chaleur, de l'électricité ou du gaz carburant. De quoi satisfaire les objectifs du Grenelle 2 de l'environnement en matière d'augmentation des énergies renouvelables, de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d'amélioration de la qualité des sols. Appuyée par des aides à l'investissement octroyées aux agricul-teurs pour produire du gaz et de l'électricité à partir de leurs résidus de culture et d'élevage, la méthanisation se diffuse à grande vitesse dans le monde agricole. Plus de 140 méthaniseurs sont en fonctionnement sur toute la France. Ils étaient à peine une vingtaine en 2010. Les unités de méthanisation centralisée sont une quinzaine. Elles traitent dans une même installation des déchets issus à la fois du monde agricole et des industries agroalimentaires. Le site web de Méthéor, une association qui regroupe des collectivités et des industriels autour de la promotion de la filière, précise que « la méthanisation des déchets agricoles représente le principal levier d'action pour l'atteinte des objectifs “biogaz”, car c'est dans l'agriculture que se situe la majorité du gisement disponible sur le territoire ». Les déchets et matières entrantes y sont connus, leur provenance identifiée et leur composition peu variable. Ce qui n'est pas le cas dans les unités de méthanisation dédiées aux ordures ménagères. Elles ne sont qu'une dizaine dans l'Hexagone et ne constituent qu'une faible part du biogaz produit en France. D'après Vincent Le Blan, délégué général de la Fnade (Fédération nationale des activités de dépollution et de l'environnement), « il est peu probable qu'il y en ait plus d'une trentaine à terme ». Un avis que partage Jean-Claude Peres, délégué général de Méthéor, « on en comptabilise actuellement neuf en exploitation, quatre en mise en service, quatre en construction et trois en instruction », ajoute-t-il. Avec ou sans tri mécano-biologique Les premières installations de méthanisation de déchets ménagers ont connu des phases de mise en route difficiles. Et comme il est nécessaire de traiter les déchets au plus près de leur origine, ces unités sont pour la plupart installées en zone urbaine, au grand dam des riverains. Réalisé dans des enceintes confinées, leur procédé de fermentation n'entraîne pourtant aucune nuisance olfactive. Mais la mauvaise qualité du confinement des premières installations ayant créé des problèmes, la crainte de mauvaises odeurs est toujours présente. Et les risques d'explosion existent bel et bien. Les sites de Montpellier et de Fos-sur-Mer en ont fait les frais. Fin 2010, un incendie endommageait le hall de dés-hydratation de l'usine Amé-tyst de Montpellier entraînant un fonctionnement au ralenti pendant 18 mois. Inaugurée en juillet 2008, l'installation n'a été réceptionnée qu'en mars 2012. Un décalage de quatre ans dû à de nombreux dysfonctionnements. La communauté d'agglomération a même décidé de résilier la convention de délégation de service public qui la liait au groupe Sita. Entre-temps la Cour de comptes avait dénoncé un dépassement de 54 % des coûts de réalisation prévus initialement. À Fos-sur-Mer où la méthanisation côtoie une unité d'incinération, un incendie est survenu en novembre 2013 dans l'unité de valorisation organique détruisant le centre de tri, mais sans toucher au méthaniseur. L'unité est toujours à l'arrêt faute d'alimentation en déchets triés. Selon le type de collecte organisé par les collectivités en charge d'alimenter ces unités de méthanisation en déchets ménagers, elles comportent ou non un TMB (tri mécano-biologique). À Lille, Calais, Forbach et en Martinique où les particuliers disposent d'une poubelle dédiée aux déchets organiques, les opérations de tri en aval de la collecte sont limitées. Ailleurs, les ordures ménagères résiduelles (OMR), celles qui restent en mélange après le tri des particuliers, doivent faire l'objet d'un TMB pour obtenir des flux homogènes de déchets avec séparation des fermentescibles, des plastiques, des métaux, des verres et autres produits non organiques. D'après Bertrand Hyllaire, directeur commercial de Valorga pour le marché français, « ce traitement nécessite des investissements trop lourds à amortir pour les unités recevant moins de 25 000 tonnes de biodéchets par an ». Créée à Montpellier, il y a 34 ans, à la suite du développement d'un procédé breveté de mélange par injection de biogaz dans le digesteur de méthanisation, son entreprise emploie aujourd'hui 750 personnes en France et a généré un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros en 2013. Sa reprise en 2002 par le groupe espagnol Urbaser n'a pas freiné son ascension. Valorga exploite 14 installations de méthanisation en Europe dont trois en France, celles de Calais, de Fos-sur-Mer et de Varennes-Jarcy en région parisienne. Onze unités françaises sont équipées de sa solution technique. « Elle consiste à coupler un bioréacteur au digesteur. Une sorte de tube de 40 mètres de long dans lequel les déchets sont brassés durant 3 jours par des séparateurs balistiques. Les fractions biodégradables en sortent sous forme de poudre. Les autres matières comme le verre, le textile et les métaux sont automatiquement séparés », explique Bertrand Hyllaire. Après trois semaines de dégradation dans le digesteur et extraction du biogaz, la partie organique part au compostage à travers de longs couloirs mis à l'air. Elle y avance en étant brassée après avoir été déshydratée et mélangée à des déchets verts pour faciliter les échanges avec l'oxygène. L'eau récupérée lors de la déshydratation sert à humidifier les biodéchets à l'entrée du digesteur ainsi que le compost s'il sèche trop. Les excédents hydriques partent dans une unité de traitement des eaux résiduaires. Entre méthanisation par voie humide et par voie sèche, toutes les installations en France ont choisi la première. Toutes sauf une. Sur son éco-parc de Blaringhem, dans le Nord, l'entreprise Baudelet Environnement a opté pour la méthanisation par voie sèche. Son centre de valorisation organique comporte une unité de séparation des biodéchets équipée d'une trémie, d'un broyeur et d'une presse à vis. Les fractions sèches sont valorisées en CSR (combustible de substitution). Mélangées à des déchets végétaux et à une quantité contrôlée de lixiviats issus du centre de stockage, les fractions humides sont entreposées durant 30 jours dans de grands garages étanches et chauffés. Lorsque le déchet a complètement fermenté et que le biogaz en a été extrait, il part vers la plateforme de compostage où il est mélangé à du déchet vert. Ce centre de valorisation organique peut traiter 20 000 t de déchets. Il est pour l'instant en phase de mise au point. « Nous pensons que la voie sèche est plus rentable que la voie humide. C'est celle que privilégient les Allemands », indique Jean-Marie Debert, directeur pôles déchets matériaux chez Baudelet Environnement. Compost et CSR Pour Marc Pena, président de Pena Environnement, « la méthanisation n'a aucun avenir, car elle produit de l'azote qui pollue la nappe phréatique. La développer est une aberration ». Il a misé sur la conception et la réalisation d'un procédé breveté de compostage en enceintes closes sous 70 °C développé par sa filiale Amendor. Un procédé qu'il a installé sur son site de Saint-Jean-d'Illac, en Gironde, il y a 2 ans et demi. Sur 5 000 tonnes de déchets entrant en 1 an, il en sort 2 000 tonnes de CSR et 1 000 tonnes de compost. Du compost normalisé NFU 44-095 ou NFU 44-051. Ce n'est qu'un début sachant que l'installation offre une capacité annuelle de traitement de 20 000 tonnes de déchets organiques. Les contaminants sont extraits avant l'entrée dans les enceintes. Les plastiques et les morceaux de bois sont séparés du compost par criblage sur des tamis en fin de process. Mais là aussi le résultat dépend de l'efficacité du tri en amont. Car la qualité des déchets entrants et la performance de leur séparation conditionnent la qualité des matières destinées à être épandues après compostage. Il est essentiel d'identifier les marchés où écouler ce compost, car même s'il répond aux exigences de la norme NFU 44-051 sur les amendements organiques censée garantir leur qualité, il ne convient pas à tous les sols. Pas question de l'utiliser, par exemple, en maraîchage. En revanche, pour les cultures céréalières pas de problème. Et les besoins sont importants. « La France compte 12 millions d'hectares de terres céréalières. On y produit chaque année entre 1,8 et 2 millions de tonnes de compost à partir de déchets organiques toutes provenances confondues. C'est juste suffisant pour amender entre 180 000 et 200 000 ha. Une surface qui ne représente guère plus d'1 % des besoins. On a de la marge », détaille le délégué de Méthéor, Jean-Claude Peres. Effectivement. Reste à capter suffisamment de biodéchets ménagers. n Geneviève Hermann


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