L'incinérateur du Sevede, à Saint-Jean-de-Folleville (76), a traité 20 000 tonnes de déchets britanniques en 2014. Des flux d'outre-Manche que l'usine accueille depuis fin 2013. Il s'agit essentiellement de refus de méthanisation, broyés avant de prendre la mer en vue d'un transport optimisé. L'exploitant, Suez Environnement, les achemine depuis le sud de l'Angleterre par Porsmouth, via sa filiale britannique. « Nos collectivités adhérentes paient pour 130 000 tonnes annuelles d'apports, tandis que la capacité s'élève à 200 000 tonnes, explique Gilles Allain, directeur du syndicat dont le territoire se trouve à cheval sur l'estuaire de la Seine, avec ses 136 communes (398 800 habitants). À charge pour l'exploitant de trouver les 70 000 tonnes complémen taires, pour lesquelles il est facturé au même prix que les collectivités. »
De l'avis de Gilles Allain, rien de plus naturel que de voir ces tonnages traverser la mer : « Depuis la création de l'unité, il y a dix ans, nous recevons près de 100 000 tonnes de déchets par an provenant du Havre par la voie d'eau. » Ceux-ci sont conditionnés, chargés en conteneurs, acheminés sur environ 30 km, puis déchargés bord à quai. En revanche, les déchets anglais prennent la route une fois arrivés au Havre. « La Dreal impose une rupture de charge, pour permettre des contrôles et des analyses. » Le recours aux flux anglais s'expliquerait par une moindre production des déchets d'activités économiques alimentant l'incinérateur. En parallèle, à partir de ce mois de juillet, l'unité passe de 30 à 80 % de rendement énergétique, grâce à l'envoi de vapeur à haute pression à l'industriel Tereos, à 3 km de là. Par un investissement de 11 millions d'euros et à la faveur du renouvellement de la délégation de service public, le syndicat s'est notamment doté d'un nouveau groupe turboalternateur et d'un réseau de chaleur jusqu'à la clôture de Tereos. Ce dernier a déboursé 4 millions d'euros pour adapter son site. Désormais, le Sevede ne produit plus de l'électricité que pour son autoconsommation. Il génère 330 000 MWh par an, trois fois plus qu'avant. « Le coût de traitement ne baisse pas, mais nous en limitons l'augmentation », indique Gilles Allain. De 92 euros la tonne aujourd'hui, il va croître d'environ deux euros par an pendant six ans.