C’est par un amendement surprise au projet de loi Macron, imposé via la procédure du 49-3, que Cigeo franchit une étape supplémentaire. Et ce alors que l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) vient de rendre publique la version 2015 de son inventaire national des matières et des déchets radioactifs.
Pour la première fois, l’Agence a mené un exercice de prospective, évaluant les volumes de déchets radioactifs produits selon deux scénarios : le statu quo de la production d’électricité d’origine nucléaire et le non-renouvellement du parc des réacteurs avec une durée de vie de 40 ans. Dans les deux cas, les volumes sont proches pour les déchets à très faible activité (TFA), à faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC) et faible activité à vie longue (FA-VL), mais ils sont plus importants, dans le scénario 1, dès qu’il s’agit des déchets de moyenne activité à vie longue et des déchets vitrifiés. « Il faut faire des efforts pour réduire la production de des déchets à la source, via le tri, le compactage et l’utilisation optimale de la surface des centres de stockage », indique Michèle Tallec, chef du service inventaire et planification à la direction de la maîtrise des risques de l’Andra.
Fin 2013, le volume de déchets radioactifs atteignait 1,46 million de mètres cubes, en ligne avec les prévisions de 2012. Un volume qui devrait tripler d’ici à 2070, notamment du fait des opérations de démantèlement. Actuellement, les TFA sont entreposés sur trois sites. Dans l’Aube, le CSA accueille des FMA-VC, et atteint 25 % de sa capacité globale et devrait accepter des déchets jusqu’en 2050. Les TFA, essentiellement issus du démantèlement, est à près de 30 % de sa capacité et devrait fonctionner jusqu’en 2020 ou 2025.
« L’Andra, avec l’État et l’Autorité de sûreté nucléaire, a lancé une réflexion sur la construction d’un nouveau site pour l’entreposage des TFA et des FMA-VC, ou sur la possibilité de stockage in situ », poursuit Michèle Tallec. Un rapport a également été remis récemment au ministère de l’Écologie sur le projet d’un site pour les déchets à forte activité et à vie longue (FA-VL) et pourrait être rendu public à l’automne.
Par ailleurs, les résultats de l’appel à projet sur de solutions innovantes de gestion, doté de 45 millions d’euros, devrait être connus ce mois-ci.ACTout savoir sur l'inventaire des déchets radioactifs