Le marché des ferrailles est en souffrance. Les entreprises de recyclage en ont collecté 12,9 Mt (+ 3 %) au prix d'une érosion drastique de leurs marges, une conséquence de la concurrence sévère sur les gisements à collecter. Le chiffre d'affaires de ce secteur est de 3,125 Md€ hors prestations (200 M€), en recul de 2 %. Il s'inscrit dans le sillage d'une chute des cours des ferrailles amorcée en 2011 et qui s'est accélérée en 2014 (de - 13 à - 15 %, selon les qualités), en dépit d'un léger rebond au début du second semestre. Après l'été, la baisse a été brutale : en fin d'année, l'E1C, l'E3 et l'E40 tombaient à des niveaux jamais atteints depuis 2010. Malheureusement, pour le secteur, les prix ont chuté également tout au long de l'année 2015, rappelant la crise de 2009.
Pour ne rien arranger, la concurrence du minerai de fer a sérieusement impacté le marché. Son prix à l'importation dans l'Union européenne a ainsi perdu 50 % de sa valeur en 2014 entre janvier (96 €/t) et décembre (62 €/t), une chute régulière quasiment identique à celle enregistrée en 2009.
« On utilise le minerai de fer en très faibles quantités dans les fours électriques, sous forme de pellets, tempère Jean-Pierre Gaudin, président de FEDEREC Métal, mais la sidérurgie a quand même profité de la chute du cours du minerai de fer pour baisser le prix des ferrailles. » Idem pour la filière oxygène, où le taux de ferrailles incorporées tend à baisser de 20 % à 15 % sous l'effet du prix compétitif du minerai.
Au rayon des bonnes nouvelles, la pro-Export hors UE 500 (4%) duction française d'acier a augmenté de près de 3 % en 2014 pour s'établir à Ventes UE 5 600 (45%) 16,1 Mt, alors même que celle de l'Union européenne Ventes France 6 augmentait 400 (51%) de 1,7 %. Cependant, cette embellie n'est pas due à la filière électrique, consommatrice de ferrailles, dont la production est restée stable à 5,5 Mt (34,1 % de la production), un niveau relativement faible, proche du plancher de 2009 (5,1 Mt). C'est surtout au redémarrage de l'industrie automobile, donc à une demande de produits plats fabriqués par les hauts-fourneaux de la filière oxygène, que l'on doit cette hausse. Néanmoins, la consommation française apparente de produits finis en acier baisse légèrement à 12,5 Mt (contre 12,6 Mt en 2013 et 2012) avec la mise sur le marché de 4,4 Mt de produits longs et de 8,1 Mt de produits plats.
Pas de perspectives dans le bâtiment
L'absence durable de perspectives dans le bâtiment, consommateur de produits longs, ne permet pas aux acteurs du marché des ferrailles d'entrevoir une amélioration à court terme.
L'exportation de ferrailles françaises ou européennes est indispensable, car les sidérurgies françaises et européennes, parfaitement approvisionnées, sont dans l'impossibilité de consommer les tonnages exportés. Dans ce contexte rendu difficile pour la consommation de ferrailles sur le territoire national, notamment après la fermeture de plusieurs aciéries électriques ces dernières années, il est logique de voir l'exportation réduire l'écart avec les ventes sur le marché domestique (51 % des ventes). L'export concerne essentiellement Export l'Union hors UE 500 européenne (4%) (45 % des volumes vendus). L'Espagne demeure le partenaire Vtes UE majeur. 5 600 (45%) La Belgique importe aussi des ferrailles françaises, mais une partie Ventes des France volumes 6 400 est (51%) destinée à l'export vers des pays tiers, comme la Turquie, au départ des ports belges.
Concurrence des billettes russes, chinoises et ukrainiennes
Les ferrailles européennes ont également subi en 2014 la concurrence sévère des billettes chinoises, russes et ukrainiennes. Un pays comme la Turquie, place forte de l'aciérie électrique aux portes de l'Europe, « a fait ses calculs et estimé qu'il était plus rentable d'acheter ces demi-produits russes ou chinois plutôt que de les fabriquer », pointe Jean-Pierre Gaudin. Cela pénalise encore les débouchés des ferrailles européennes. Si l'on a coutume de dire que le marché des ferrailles, encore plus que les autres secteurs du recyclage, permet d'anticiper de quelques mois les rebonds et les crises économiques, force est de constater que la reprise n'est pas pour tout de suite. n